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Ahmed Bouziane

8 août 2008

ENSEIGNEMENT

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18 juin 2008

Un lieu, un nom: Ahmed Bouziane : le premier proviseur du lycée Lotfi

par Ziad Salah

Ahmed Bouziane  dans ENSEIGNEMENT spacer

L’installation de Ahmed Bouziane en France, au crépuscule de sa vie, est mal vécue par bon nombre de sa grande famille de l’enseignement. Pour certains, ce départ s’apparente à un exil pur et simple. Pour d’autres, il est la preuve irréfutable de l’ingratitude d’un métier éprouvant et qualifié de noble.

A quatre-vingt-trois ans, Bouziane Ahmed vit à Quetigny, une banlieue de Dijon. Il y a quelques années, ce « Monsieur qui a consacré sa vie à l’enseignement dans son pays » a perdu sa femme et se retrouve actuellement seul. Quand un de ses amis qui avait travaillé sous sa direction s’est annoncé dans l’interphone de sa résidence à Dijon, il dévala les escaliers pieds nus pour venir lui ouvrir la porte, nous raconte-t-on. Ce qui témoigne de son attachement à Oran, ou du moins de sa nostalgie. Parbleu, qu’est-ce qui a motivé Si Bouziane de quitter Oran et aller s’installer sous d’autres cieux ? Par égard à lui, tous ceux que nous avons interrogés préfèrent se retenir. Pour unique réponse, on parle de son élégance légendaire, de sa grande dignité jamais trahie malgré les moments difficiles endurcis après son départ en retraite. On souligne tout de même que sa pension de retraite ne dépassait pas les 7.000 DA.

Né à Relizane en 1925, on ignore où il a accompli sa scolarité primaire et secondaire. Ce qui est établi c’est qu’il a suivi sa formation post-secondaire au lycée franco-musulman d’Alger qui ne recevait que les élèves les plus brillants. L’accès à cette institution, dénommée aussi medersa, se faisait sur concours et dispensait un enseignement parfaitement bilingue. On sait aussi qu’il a eu comme enseignant Si Kaddour Naïmi qui a dirigé avant l’indépendance la medersa de Tlemcen. Ce qui laisse supposer que Bouziane a aussi fréquenté cette institution qui a fourni à l’Algérie ses premiers cadres de l’enseignement au lendemain de l’indépendance. Après l’obtention de son diplôme, il exercera quelque temps en tant qu’enseignant de l’arabe à Sougueur. Selon un autre témoignage, il a enseigné aussi à Oran vers 1959. Mais par malchance, Ahmed Bouziane va contracter une tuberculose qui l’obligera de séjourner dans un sanatorium en France pendant presque deux ans. On ignore si Ahmed Bouziane a participé de près ou de loin à l’entreprise de libération menée par le FLN/ALN. Son état de santé ne le disposait pas à rejoindre le maquis ou peut-être ses choix personnels l’ont persuadé de s’investir dans l’enseignement.

Dès 1963, il sera nommé à la tête du centre pédagogique, institution chargée de former des enseignants pour combler le manque dans ce domaine. Ce centre prendra une autre dénomination : le lycée arabe. Mais une fois le lycée Lotfi, (ex-Collège des Jeunes filles, devenu par la suite lycée Pascal) récupéré par l’Education nationale, Bouziane Ahmed sera nommé proviseur de cet établissement scolaire. Pour rendre ce nouveau lycée opérationnel, il s’attellera à récupérer ses anciens élèves éparpillés un peu partout. En l’espace de quelques années, ce lycée fera parler de lui. Dès les années 1974/ 75, il enregistrera les meilleurs taux de réussite au baccalauréat. Un ancien intendant de ce lycée nous dira « de 1983 à 1986, nous avons obtenu les meilleures notes de bac au niveau national. C’est moi en personne qui ai accompagné les lauréats à Alger pour recevoir les prix des mains du président Chadli Bendjedid ». Mais on peut relever la réputation que va gagner ce lycée sous la direction de Bouziane Ahmed à partir d’un autre angle : tous les ministres de l’Education nationale qui se sont succédé à la tête de ce département se sont rendus au lycée Lotfi durant l’époque de Bouziane. A commencer par Ahmed Taleb El Ibrahimi jusqu’à Hadj Slimane Chérif en passant par Zhor Ounissi et Benmohamed. Mais on nous affirme que Bouziane Ahmed avait des relations particulières avec Hadj Slimane Chrif avait qui il discutait énormément.

Le succès qu’a connu ce lycée Lotfi l’a transformé petit à petit en établissement pour fils de la nomenklatura. Mais comment expliquer ce succès justement ? Ceux qui ont travaillé avec Bouziane avancent deux petites explications. C’est lui qui veillait au choix des enseignants qui devaient exercer dans ce lycée. « Parmi les demandes qu’il recevait, il triait les meilleurs profils et partait sur Alger pour formaliser leur recrutement », nous dira une de ses connaissances. Au niveau du ministère de l’Education, il jouissait d’énormément de respect, nous ajoute-t-on. D’autre part, on nous affirme qu’il se démenait pour régler les problèmes socioprofessionnels des enseignants de son établissement. Il n’hésitait pas à mobiliser ses relations pour régler un problème de logement pour un enseignant, nous explique-t-on. En contrepartie, il réclamait le meilleur d’eux-mêmes. « Il assumait merveilleusement le rôle d’interface entre nous et la tutelle », souligne une enseignante. Mais de l’avis de certains qui l’ont côtoyé sur le plan professionnel, Bouziane a instauré des traditions au niveau de ce lycée. Ce qui n’est pas une mince affaire. Ayant participé à la formation de générations de lycéens, dont une bonne proportion a réussi ses études universitaires, Bouziane n’a pas délaissé les siens. Ses cinq enfants, trois filles et deux garçons, ont tous réussi leurs études supérieurs. Un de ses garçons est enseignant universitaire à Dijon, un autre médecin, une fille est professeur de français et une autre pharmacienne. Enorme satisfaction pour ce Monsieur qui aurait pu donner davantage à son pays, même après son départ en retraite en 1986. Selon certains dires, quatre de ses enfants se trouvent actuellement à l’étranger. Ce qui soulève d’autres questions sur le devenir des cadres en Algérie. Ne veulent-ils pas rééditer l’expérience de leur père ? Très possible… Après une longue carrière, on ne lui trouve aucune trace écrite relatant son dévouement à l’enseignement.

 

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À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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