Par Réda Naïm
La veille on réquisitionne un bus, le matin on n?oublie rien pour faire une longue et interminable «expédition» pour aller supporter son club favori.
«J?irai là où le Mouloudia jouera, Maâlabalich», Tamirou, un fan du Doyen habitant un populeux quartier de Kouba, veut tenir parole. L?aventure a déjà commencé. Il est muni d?une banderole, d?une écharpe et d?un maillot portant le nom de Benali, l?immense coqueluche du club qu?il aime plus que tout au monde. «Après ma mère Allah Yerhamha, c?est lui que j?adore ?», avoue-t-il en toute fierté. «Ce maillot, c?est lui qui me l?a donné à Tiaret à la fin du match contre Sougueur, l?année dernière.»
Tamirou suit cette grande procession de jeunes fous du plus prestigieux club de la capitale.
Son handicap (tétraplégique de naissance) ne l?a pas empêché d?être pratiquement de tous les voyages.
L?année dernière, il a achevé la saison par un long voyage, à Tiaret qui lui a coûté presque 3 000 DA. Cette année, il a commencé la saison par un autre déplacement, à Médéa où le Mouloudia a fait un début en fanfare (victoire 1-0 face à l?ASO Chlef).
Rencontré le lendemain matin, il nous relate son périple. «Nous étions vingt-cinq personnes. Djaafar le chauffeur du Sarriî, un fou du club nous a proposé le déplacement à 400 DA. Ce n?était même pas la peine de négocier le prix. El Hamdoulah drahem kayen, el baraka fel Mouloudia», lance-t-il fièrement et à haute voix comme pour taquiner un vieux buraliste féru du CRB et visiblement abattu par la défaite du Chabab au 20-Août face au MCO.
Après quelques chamailleries avec le vieux, Tamirou revient à nous et avance que le voyage a été un peu dur «avec la chaleur torride et la fumée des joints, vous aurez la gorge coupée. Et puis il y a ces gendarmes qui vous dresse un barrage tous les dix kilomètres, mais qu?à cela ne tienne, l?essentiel c?est d?avoir gagné». «Chaque vrai supporter doit au moins faire cinq ou six déplacements par saison. Il faut réserver un bus la veille, se lever tôt le matin, préparer les sandwichs et ne pas oublier surtout les bouteilles d?eau, l?argent et bien sûr les gourdins pour faire fuir les éventuels agresseurs sur le chemin». Fier d’être Mouloudéen jusqu’à la moelle, Tamirou se vante aujourd’hui de «connaître Tiaret, Saïda, Oran, Témouchent, Sidi Bel Abbes, tout l?Ouest quoi, et ça grâce au Mouloudia, et dans chaque ville, le public fait parler de lui-même si quelques énergumènes qui ne comprennent rien au foot cassent et sèment la zizanie, ce qui peut ternir l?image du Mouloudia», conclut-il.
R. N.
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9 août 2008
Sougueur, sport