JOURNAL INFO SOIR
Une date, un fait Edition du 19/4/2008
Au coin de la cheminée
El-Hemm Bi Derhem (3e partie et fin)
Résumé de la 2e partie n Pensant s’être débarrassée de El-Hemm Bi Derhem, la princesse épouse le sultan, mais le maudit oiseau réapparaît à la naissance de ses deux fils pour les lui enlever…
L’homme prit la route, chargé de provisions. A quelque distance de là, il se souvint :
— Que Dieu me pardonne ! J’ai oublié cette pauvre malheureuse qui fut ma femme et qui dévora nos fils.
Il rebroussa chemin et demanda à la princesse déchue :
— Que veux-tu que je te rapporte de la Mecque ?
— Rapporte-moi «hajret el-morr wa sbar ou sekkin el-gdar !» : la pierre amère de la patience et l’épée de la sentence !
Il repartit.
A la fin du pèlerinage, le Sultan acheta tout ce que les autres femmes lui avaient commandé avant de chercher «la pierre amère de la patience et l’épée de la sentence». Le marchand le mit en garde :
— Ce que vous me demandez est trop grave. Celui ou celle qui demande à détenir cette chose cherche à en finir avec la vie.
— Donnez-moi ce que je vous réclame car je dois exaucer le vœu de cette personne, insista le Sultan.
— D’accord, répondit le marchand, mais surveillez-la bien lorsque vous lui donnerez ces objets.
Le Sultan revint dans son pays chargé de tous les présents. Il remit son cadeau à chacune des femmes, et enfin porta à la princesse devenue bergère «la pierre amère de la patience et l’épée de la sentence».
Elle le remercia et, une fois seule, (du moins le croyait-elle), posa les objets devant elle et se lamenta :
— Ô pierre amère de la patience et toi épée de la sentence, patientez comme j’ai patienté avant de découvrir et d’accepter…
Et elle se mit à raconter toute son histoire depuis le commencement. Le Sultan, caché, écoutait et compatissait. Soudain, à la fin du récit, l’épée s’éleva seule et fendit l’air en direction de la princesse pour lui trancher le cou. A cet instant, surgit El-Hemm Bi Derhem qui l’arrêta au vol. Puis, de ses ailes, il sortit deux beaux garçons habillés de burnous blancs et de chéchias rouges.
— Princesse, dit-il, voici tes fils. Tu m’as acheté, moi ton malheur, je me suis acharné sur toi et tu as enduré seule toutes les épreuves jusqu’à te confier à «la pierre amère de la patience et à l’épée de la sentence». Tu mérites de retrouver la paix et le bonheur d’antan car tu as su patienter.
Sur ces paroles, El-Hemm Bi Derhem s’envola et disparut.
On dit que c’est depuis lors que le malheur s’éparpilla et se trouve un peu partout dans le monde.
Elle est partie en roulant !
Je suis restée dans la maison !
L’Algérie des contes et légendes Nora Aceval
18 avril 2009
Culture