JOURNAL INFO SOIR
Une date, un fait Edition du 18/3/2008
Au coin de la cheminée
Izar (2e partie)
Résumé de la 1re partie n Chassés par leur marâtre, un frère et une sœur vivent ensemble sous une petite tente près de la ferme où la sœur travaille. Cette dernière, pour tester la maturité de son frère, lui demande ce qu’il ferait d’un louis d’or si elle le lui donnait…
Mon frère, le fils de ma mère, est enfin devenu un homme, conclut-elle. Elle lui remit tout le trésor. Ils quittèrent la région et devinrent riches. Le jeune homme acheta des terres, des troupeaux, engagea des ouvriers. Il eut des esclaves et des serviteurs. Il n’oublia pas, avant de partir, d’emmener avec lui une vieille chamelle toute décharnée dont personne ne voulait et qu’il avait adoptée. Dans l’opulence, cette chamelle reprit des forces et mit bas un magnifique chamelon. Il l’appela Izar et en fit son meilleur ami. Plus que cela, il le considérait comme son frère. Lorsqu’il s’absentait du campement, Izar montait la garde pour protéger la sœur.
Le jeune homme avait recommandé à sa sœur de ne jamais rien laisser s’échapper sur la rivière. Un objet transporté par l’eau pourrait révéler sa présence et la mettre en danger.
La sœur et le frère vivaient heureux avec leurs gens. Mais voilà qu’un jour, alors qu’elle lavait le blé au bord de la rivière, le tamis lui glissa des mains et partit sur l’eau. Elle ne dit mot et le temps passa.
Un matin on vit arriver une vieille femme. C’était Settout la maudite (que Dieu nous en préserve car elle est capable de tout sous son air de vieille femme sage !) Elle avait été envoyée par deux hommes qui avaient découvert le tamis sur le cours de la rivière qu’ils remontèrent. C’est ainsi qu’ils avaient découvert la jeune femme. Ils entreprirent de la séduire et seule Settout pouvait les y aider. La vieille gagna, peu à peu, la confiance de la sœur et de nouvelles idées se mirent à germer dans sa tête. Elle lui répétait :
— Comment une belle femme comme toi peut-elle vivre sans se marier ? Tu sacrifies ta jeunesse pour ton frère. Tu mérites de découvrir les joies de la vie….
La jeune fille succomba et accepta de recevoir les deux prétendants qui devinrent ses amants. Dès que son frère s’absentait, ils venaient la retrouver sous sa tente. Mais la présence d’Izar rendait ces rencontres difficiles.
— Fais mine d’être malade et laisse-moi faire, suggéra Settout.
La jeune femme s’alita en gémissant et le frère, affolé, demanda qu’on aille vite chercher un taleb. Settout proposa ses services. Elle revint avec les deux amants déguisés en talebs avec leurs turbans et leurs burnous, des Corans entre les mains. Ils s’installèrent au chevet de la jeune femme et conclurent :
— Le seul remède capable de la sauver est le foie du chamelon Izar.
— Comment ? hurla le frère. Izar est comme mon frère, jamais je ne pourrai le sacrifier.
— Ta sœur mourra alors, affirmèrent les hommes.
Après une douloureuse hésitation, le jeune homme accepta de réaliser le sacrifice. Il cria :
— Izar ! O mon frère Izar ! Je te demande pardon, mais il y va de la vie de ma sœur, la fille de ma mère. (à suivre…)
L’Algérie des contes et légendes Nora Aceval
18 avril 2009
Culture