JOURNAL INFO SOIR
Une date, un fait Edition du 19/3/2008
Au coin de la cheminée
Izar (3e partie)
Résumé de la 2e partie n Devenus riches, le frère, la sœur et leur chamelon Izar vivent à l’abri des regards, jusqu’à ce que la vieille Settout et ses deux complices découvrent la sœur pour l’influencer négativement…
Izar se mit à verser de grosses larmes. Le jeune homme pleurait avec lui et répétait :
— Izar ! O mon frère Izar !
Mais le chamelon fut sacrifié. Dès que la jeune femme en eut mangé le foie, elle fit mine de recouvrer instantanément la santé.
Ainsi, elle put recevoir ses amants pendant l’absence de son frère. Et le temps s’écoula.
Un jour, les amants insatisfaits exigèrent un autre sacrifice :
— Toutes ces richesses t’appartiennent. C’est à toi de diriger. Tu devrais être totalement libre d’en jouir à ta guise. Débarrasse-toi de ton frère.
Settout les conseilla. La sœur accepta et dès que son frère revint d’un voyage, elle lui dit :
— Mon frère, fils de ma mère, si je venais à te lier les poignets, serais-tu assez fort pour te libérer ? J’ai besoin de savoir si ta force est suffisamment grande pour me protéger contre tout ce qui pourrait me nuire.
— Bien sûr, j’ai assez de force pour te protéger, ma sœur, répondit fièrement le jeune homme.
— Prouve-le moi, dit-elle en riant.
Et, comme pour un jeu, elle lui lia les poignets avec une cordelette. Il tira et la coupa. Elle recommença en utilisant une corde. Il tira et la coupa aussi. Elle essaya avec une chaîne. Il tira fort et la brisa. Après ces démonstrations auxquelles le frère se prêtait dans l’amusement, la sœur utilisa enfin le lien infaillible préparé par Settout : un foulard en soie trempé dans du beurre. Là le jeune homme tira, tira de toutes ses forces et resta prisonnier de ses liens. La sœur en profita pour lui attacher les pieds. Il reconnut sa défaite en riant :
— Bravo ma sœur, tu viens de me démontrer que je ne suis pas infaillible. Détache-moi maintenant.
— Firan xourjou min el-giran ! Souris ! Sortez des trous ! cria-telle.
A ces mots, les amants sortirent de leur cachette et se jetèrent sur le frère qu’ils lacérèrent de coups de couteaux. Laissé pour mort, ils le jetèrent dans la campagne loin du campement. La vieille chamelle, la mère d’Izar, les suivit et resta près du corps inanimé. Elle se mit à crotter dessus. Les excréments chauds de la chamelle le réchauffèrent, le maintinrent en vie et cicatrisèrent peu à peu ses plaies. Dès qu’il reprit ses esprits, la chamelle se pencha sur lui et il la téta.
Ainsi, les jours s’écoulèrent l’un après l’autre, et la chamelle continuait à crotter sur le jeune homme et à le nourrir de son lait. Un jour, une vieille femme, ramassant dans la plaine de l’ouguidt (bouse de vache séchée) pour allumer son feu, passa par-là. En voyant le tas de crottins, elle cria de joie :
— Quel prodigieux tas d’ouguidt, je vais en remplir tout mon sac.
Elle s’en approcha et tira de la main le crottin séché par le soleil pour remplir son sac. Soudain, un léger gémissement sortit du tas. (à suivre…)
L’Algérie des contes et légendes Nora Aceval
18 avril 2009
Culture