JOURNAL INFO SOIR
Une date, un fait Edition du 22/3/2008
Au coin de la cheminée
Izar (4e partie et fin)
Résumé de la 3e partie n Avec l’aide de la Settout et de ses deux amants, la sœur jette son frère – laissé pour mort – dans un fossé, ce dernier est rejoint par la mère du chamelon Izar qui lui permet de survivre…
La vieille prit peur et recula. Les gémissements continuèrent. Elle revint, écarta le crottin hâtivement et leva les bras en voyant une forme humaine tout en criant :
— Ô toi créature qui te trouves là, dis-moi : fais-tu partie du monde des vivants ou de celui des morts ?
— Il fut un temps où je faisais partie du monde des vivants, répondit faiblement le jeune homme, mais aujourd’hui, on peut dire que je fais partie du monde des morts.
Il raconta son histoire depuis le commencement à la vieille femme. Compatissante, elle l’emporta chez elle sous sa vétuste xaïma (tente) où elle vivait seule et elle s’occupa de lui comme s’il avait été son propre fils.
La chamelle suivit son maître et la vieille la trayait chaque matin pour le nourrir. Il retrouva alors ses forces. La vieille femme lui donnait quotidiennement un sac de sable à porter. Et chaque jour, elle augmentait le poids du sac. Au fil du temps, le jeune homme put porter un gros sac comme par le passé. Il était guéri.
Un matin, il se prépara et dit à la vieille qu’il considérait comme sa mère :
— Ma mère ! Je m’en vais. J’ai une dernière chose à accomplir, mais je reviendrai te chercher.
Déguisé en mendiant, il prit la route et retourna dans sa tribu. Alors qu’il approchait du campement, les animaux qui s’étaient tus depuis sa disparition, s’éveillèrent : les chiens se mirent à aboyer, les moutons à bêler, les chevaux à hennir, les chameaux à blatérer. Tout reprit vie. Le jeune homme cria de loin pour demander l’hospitalité. Personne ne le reconnut hormis un de ses serviteurs des plus fidèles.
— C’est toi maître ? dit l’homme en sursautant.
— Oui c’est moi, lui chuchota-t-il.
Le maître lui fit signe de se taire :
— Chut ! Ne dis rien à personne et demande à ta maîtresse de me permettre de passer la nuit dans l’écurie. Dis-lui que je suis un mendiant. Après cela, tu me prépareras mes habits, mon sabre et mon fusil que tu m’apporteras dans la nuit.
L’homme obéit. La nuit, le maître se vêtit de son burnous, de son turban, prit son fusil et rentra sous la tente de sa sœur. Elle dormait au milieu de ses deux amants : l’un avait la tête posée sur son bras droit et l’autre la tête posée sur son bras gauche.
Le frère braqua son fusil et tua les deux hommes. A sa sœur, il réserva un autre sort. Il lui attacha un bras et une jambe à un cheval et l’autre bras et l’autre jambe à un deuxième cheval. Puis, il tira un coup de feu en l’air. Les chevaux s’emballèrent et partirent chacun dans une direction.
L’homme retrouva sa tribu. Il n’oublia pas la vieille femme et sa chamelle qu’il fit venir auprès de lui.
Elle est partie, je suis venue !
L’Algérie des contes et légendes Nora Aceval
18 avril 2009
Culture