JOURNAL INFO SOIR
Une date, un fait Edition du 20/4/2008
Au coin de la cheminée
La fille de Ben Bhout, qui la voit trouve la mort (1re partie)
Il y a bien longtemps dans un pays très lointain, vivait un sultan chasseur. Un jour, muni de son fusil, il monta son cheval et se dirigea vers un djebel. Il chassa une bonne partie de la journée tomba sur un monstre (the’ben). Il tira sur lui sans l’atteindre et ce dernier l’attaqua avant de s’échapper. En rentrant, le sultan pris d’une fièvre, dit à sa femme qui était enceinte :
— Je vais mourir. J’ai été blessé par un the’ben. Je me meurs, prépare mon lit ! Ecoute : si tu mets au monde un garçon, donne-lui mon fusil. Si tu accouches d’une fille, fais ce que bon te semble.
— Je t’en fais le serment, lui répondit-elle.
Le pauvre sultan mourut et quelque temps après sa femme accoucha d’un garçon. A son adolescence, le jeune homme dit à sa mère :
— Ma mère ! Donne-moi le fusil de mon père.
— Tu es trop jeune.
— Non ! Donne-moi le fusil de mon père ; ne lui en as-tu pas fait le serment ?
— Si.
— Alors, donne-moi le fusil.
— Promets-moi de ne pas aller chasser sur le djebel, implora la mère.
— Il m’est impossible de te faire une telle promesse. Il reçut le fusil qu’il chargea et jeta sur son épaule avant de se diriger vers le djebel. Il chercha longtemps en se faufilant tout doucement avant de surprendre le the’ben endormi. Il tira sur lui plusieurs coups et le tua. Il l’examina et découvrit un tapis en or. Il s’en empara et revint chez lui.
— Mère ! cria-t-il, ce tapis appartiendrait-il au the’ben qui a tué mon père ?
— Oui ! On raconte que ce monstre possédait un tapis en or. Mais pourquoi es-tu allé risquer ta vie ?
— J’ai vengé mon père et j’ai pris le tapis sur lequel il était couché. Tiens et cache-le bien.
— Non ! Nous ne le garderons pas. Va l’offrir au sultan, il t’enrichira si Dieu accepte de t’enrichir, lui conseilla-t-elle.
Le jeune homme prit le tapis et se rendit chez le calife pour demander audience au sultan. Ce dernier lui ordonna :
— Donne-moi ce tapis d’or et je le remettrai au Sultan.
— Non ! J’obéis à ma mère et je l’offrirai moi-même à notre souverain.
Le calife alla trouver le sultan et le prévint :
— Monseigneur ! Un jeune homme t’apporte un cadeau. Donne-lui en échange une chéchia (bonnet) et une paire de mules. Cela suffit à un homme de sa condition.
Le jeune homme fut introduit auprès du monarque qui reçut le cadeau et l’interrogea :
— De qui es-tu le fils ?
— Je suis moi aussi fils de sultan. Mon père est mort.
On lui servit un café et on lui donna une chéchia et une paire d’espadrilles. Il repartit, dépité, chez sa mère :
— Regarde ce qui m’a été offert à la place du tapis en or.
— Mon fils ! Tu as le temps, patiente, lui dit la mère pour le consoler.
Un jour, il reçut un message qui disait :
— Celui qui m’a apporté le tapis d’or doit m’apporter un trône en ivoire.
C’était le calife qui avait suggéré une telle idée au Sultan. Le jeune homme demanda à sa mère :
— Que me conseilles-tu de faire ? Si je ne trouve pas de trône en ivoire, le calife s’arrangera pour me faire couper la tête.
— Fais confiance à Dieu. Je vais te conseiller mon fils : mets ton fusil sur ton épaule et descends vers l’oued (la rivière). Tu y trouveras des autruches. Chasses-en deux ou trois et emmène-les chez l’artisan. (à suivre…)
L’Algérie des contes et légendes Nora Aceval
18 avril 2009
Culture