JOURNAL INFO SOIR
Une date, un fait Edition du 8/5/2008
Au coin de la cheminée
Dhiab et la jument (1re partie)
Dhiab gardait un troupeau de chameaux. Il convoitait une belle jument parmi des chevaux gardés par un autre berger.
Un jour, il lui proposa de la lui acheter pour la forte somme de six cents pièces, mais le berger refusa catégoriquement. Dhiab, désirant obtenir la jument à tout prix, planta discrètement à cette dernière une aiguille dans l’un des pieds avant de rentrer chez lui.
Le lendemain, il retourna auprès de son ami et le trouva désespéré.
— Dhiab ! dit-il, tu as dû lancer le mauvais œil à ma jument car elle boite depuis hier. J’aurais mieux fait de te la vendre.
— Comme c’est dommage, répondit Dhiab. Une jument qui boite ne te rapportera rien. Dire que j’étais prêt à t’en donner une si forte somme.
— Si tu la veux, Dhiab, prends-la pour une somme symbolique de soixante pièces au lieu de six cents.
Dhiab se fit prier avant d’accepter le marché. Une fois éloigné, il ôta l’aiguille qu’il avait plantée la veille dans le pied de la jument et, triomphant, repartit au galop. Il fit part de son acquisition à son père Ghanem Ben Hicham qui s’en montra très fier. Il faut être le fils du chef pour réussir à obtenir une jument aussi extraordinaire pour une somme aussi dérisoire.
Depuis, Dhiab chérissait sa jument et la montait valeureusement. Il la soignait et la nourrissait avec les plus grands soins. Et le temps passa.
Un matin, on vint lui annoncer le vol du troupeau de chameaux de sa valeureuse cousine, Jazia la belle hillalienne. Il harnacha sa jument et disparut à l’horizon. Il se dirigea vers la tribu ennemie. Courageux, Dhiab ne craignait rien ni personne. Un Beni Hillal n’éprouve aucune peur face à la mort. Il ne craint qu’une chose : le déshonneur et la lâcheté.
A l’approche des troupes ennemies, la jument laissa sur son passage un monticule de crottin et un ruisseau d’urine. Dhiab, quant à lui, urina du sang rouge vif. Ces traces furent repérées par les adversaires qui prirent peur :
— Seul : un grand héros urine du sang et monte une telle jument. Fuyons !
Dhiab les poursuivit sans répit. Sa jument était rapide comme l’éclair. On aurait dit qu’elle était habitée par des Djinns. Il n’eut aucun mal à les désarçonner et à les désarmer. Il leur ôta les selles, les fusils, leurs sacs de cavaliers. Il cacha tous ces objets sous un grand rocher et rentra chez lui en gardant le silence sur ses exploits. Les gens de sa tribu l’interrogèrent :
— As-tu rapporté le troupeau de Jazia ?
— Non ! se contenta-t-il de répondre.
Ensuite, il rendit visite à Jazia et lui suggéra d’exiger des hommes de la tribu de désarçonner et de désarmer leurs ennemis. Ainsi, ils les humilieraient en lui rapportant comme trophée, leurs selles, leurs fusils, leurs sacs de cavalerie avant de récupérer le troupeau. (à suivre…)
L’Algérie des contes et légendes Nora Aceval
19 avril 2009
Culture