JOURNAL INFO SOIR
Une date, un fait Edition du 29/4/2008
Au coin de la cheminée
La candide et la perfide (2e partie et fin)
Résumé de la 1re partie n Sur le chemin de La Mecque, Niya est victime de la perfidie de Harfa qui la pousse à se crever les deux yeux. Aveugle, Niya se réfugie la nuit sur un arbre à partir duquel elle assiste à un conseil d’animaux…
Le lion rugit encore en mettant en garde ses sujets :
— Que personne ne révèle jamais que les feuilles de notre arbre guérissent de la cécité et qu’il suffit de planter une de ses branches dans le sol pour que l’eau jaillisse.
Tous jurèrent de garder le secret et se dispersèrent dans la nuit.
Dès l’aube, Niya qui avait tout entendu, cueillit quelques feuilles et s’en frotta les yeux. Elle recouvra, comme par miracle, toute sa vue. Ensuite, elle cueillit d’autres feuilles, arracha une petite branche, emporta le tout et s’en alla. Elle marcha droit devant et arriva dans la ville du SuItan.
Elle frappa à la porte du palais et annonça qu’elle était venue pour guérir la princesse et irriguer les jardins :
— Quoi ? lui lança le garde, les médecins les plus éminents n’ont pas réussi et toi, tu prétends avoir un remède ? Allez ! Va ton chemin, mendiante.
— Ouvrez mes portes à quiconque viendrait dans l’intention de soigner ma fille, riche ou pauvre, savant ou simple, cria le Sultan de loin. La clémence est entre les mains d’AIlah.
Niya fut donc accueillie et une fois seule avec la princesse, elle lui frotta les feuilles sur les yeux. La jeune fille recouvra la vue instantanément. On cria au miracle. Puis Niya leur dit :
— Conduisez-moi dans les jardins du palais.
Elle y planta la branche et une source coula comme par le passé. Le Sultan, au comble du bonheur, récompensa la jeune femme. Il lui fit bâtir un magnifique palais et la combla de richesses. Elle demeura dans cette ville où désormais l’on ne parlait plus que d’elle. Elle fut aimée et considérée. Et le temps passa : Vient un jour, part un jour, vient un jour, part un jour…
Mais voilà qu’un beau matin, Harfa arriva de la Mecque. Dès qu’elle entendit le nom de Niya, elle sursauta :
— Quoi ? Niya ? Je l’ai laissée aveugle au pied de l’arbre. Il ne peut s’agir de la même. Ma stupide Niya est certainement morte dévorée par les animaux. Je vais tout de même voir qui est cette si célèbre Niya.
Harfa frappa à la porte de Niya et hurla de surprise :
— Niya ! Tu es vivante ? Comment as-tu fait ? La pauvre Candide, qui était restée innocente et pure, lui raconta toute l’histoire. L’autre écouta le cœur empli de rage et décida :
— Je n’ai qu’à me rendre auprès de cet arbre pour saisir à mon tour un secret qui me rendra riche.
Elle se cacha dans les feuillages de l’arbre et y attendit les animaux. A la nuit tombée, ils se rassemblèrent autour du lion qui rugissait, furieux :
— J’ai appris que notre secret a été révélé. Lequel d’entre vous s’est rendu coupable d’un si grand crime ? La fille du roi a recouvré la vue et les jardins sont de nouveau verts. Si jamais j’obtenais le nom du traître, je le découperais en morceaux avant de le dévorer.
Les animaux jurèrent de leur innocence. Harfa, qui avait tout entendu, sauta de l’arbre au milieu de l’assemblée et dit :
— Je connais la personne qui a trahi votre secret. C’est Niya ! C’est Niya !
— Quoi ? s’étonna le lion, mais que fais-tu là ? Tu nous espionnes ! Tu vas périr !
Et il se jeta sur elle. Les autres l’imitèrent. Harfa fut démembrée avant d’être dévorée.
Voilà comment Niya triompha de son amie Harfa.
Elle est partie, je suis venue !
L’Algérie des contes et légendes Nora Aceval
19 avril 2009
Culture