JOURNAL INFO SOIR
Une date, un fait Edition du 17/5/2008
Au coin de la cheminée
L’astucieuse chèvre et le loup (1re partie)
Un jour de grande chaleur, un loup, assoiffé, alla se désaltérer à la source, entre les rochers.
Lorsqu’il pencha la tête pour boire, il vit dans l’eau limpide et calme le reflet de la chèvre qui se tenait sur un rocher surplombant la source. Croyant qu’il s’agissait de la chèvre elle-même, il se jeta dans l’eau pour s’en saisir. Il se débattit et intrigué de ne rien attraper, il ressortit et regarda de nouveau. L’eau se calma et l’image de la chèvre se dessina. Le loup plongea avec voracité et ressortit bredouille. Il souffla, fixa les yeux sur l’eau et vit les poils de sa proie flotter sous l’effet de la brise. Il ne comprenait pas pourquoi il ne parvenait pas à mordre ou à griffer ce qui était bien là, devant ses yeux. Il ne pouvait se tromper ; elle était bien là !
Il plongea, barbota, hurla et émergea intrigué et impatient. Il recommença maintes fois sans succès.
La chèvre, amusée, l’observait depuis un moment. Du haut de son rocher, elle lui lança d’un ton ironique :
— Monseigneur le loup ! Qu’as-tu à te jeter à l’eau ?
Surpris, le loup leva la tête, vit la chèvre et comprit enfin qu’il se battait contre un reflet. Il ne se découragea pas pour autant et répondit :
— Madame la chèvre ! Que je suis ravi de te voir en bonne santé. Figure-toi que je te croyais en danger, j’essayais de te sauver.
— Ton attention me touche, rétorqua la chèvre qui n’était pas dupe, mais dis-moi : depuis quand les loups tentent-ils de sauver leurs proies ?
— Comment ? Tu n’es pas au courant ? Un pacte de fraternité a été signé. Il est interdit aux animaux de s’entre-dévorer. Désormais, nous sommes tous frères et même les mariages entre différentes espèces sont permis. J’en profite pour te demander de bien vouloir m’épouser.
— Quelle bonne nouvelle en effet, mais si je t’épouse, je dois inviter toutes les chèvres de ma communauté. Il nous faut célébrer cette union par une fête et tambours battants. Il me faut courir me parer comme toutes les mariées. Fais-toi beau également.
— Excellente idée, jubila le loup, je cours inviter mes frères aussi. Soyez nombreuses et nous vous ferons honneur. Que la fête commence ! Mets tes plus beaux atours. Quant à moi, je vole, je cours.
Le loup courut en effet prévenir tous les autres, ses frères. Il leur tint ce discours :
— J’ai fait croire à la chèvre que la paix régnait entre nous et elle a accepté d’être ma femme. Elle est allée chercher toutes les chèvres ses cousines. Venez avec moi, nous allons faire bonne cuisine. (à suivre…)
L’Algérie des contes et légendes Nora Aceval
19 avril 2009
Culture