JOURNAL INFOSOIR
Une date, un fait Edition du 14/5/2008
Au coin de la cheminée
Le bouc, le bélier, le coq et l’âne (1re partie)
Sept boucs vivaient ensemble. Le renard découvrit leur demeure et vint chaque jour en dévorer un. Le septième jour, il ne trouva pas le septième qui s’était sauvé à temps.
Ce bouc prit la route et marcha, marcha. Un jour, il passa à côté d’un troupeau de moutons et salua le bélier :
— Bonjour bélier ! Voudrais-tu te joindre à moi pour voyager ?
— Je ne dois pas quitter le troupeau, expliqua le bélier, même si je le voulais, je ne pourrais pas tromper la vigilance du berger. Il me rattraperait à coup sûr.
— Moi, vois-tu, je suis un être libre. Je vais là où il me plaît. Pour échapper au berger, tu n’as qu’à faire le mort au moindre coup de bâton qu’il t’administrera. Il te laissera pour mort et tu n’auras qu’à te joindre à moi pour parcourir librement le monde sans maître ni chaîne.
Le bélier suivit à la lettre les conseils du bouc et se retrouva libre. Ils continuèrent à deux la route. Chemin faisant, les deux voyageurs rencontrèrent le coq qui vivait dans un campement de nomades. Ils le saluèrent et lui proposèrent de se joindre à eux pour voyager libre.
— Comment échapper à la surveillance de mes maîtres ? demanda le coq.
— Demain, lorsque les nomades plieront leurs tentes pour lever le camp, conseilla le bouc, ils vont essayer de t’attraper afin de t’attacher par les pattes à l’un des piliers de la tente qu’ils vont poser sur les dos des chameaux. A ce moment-là, fais le mort et ils te jetteront sur le tas de cendres. Tu pourras venir nous rejoindre après le départ de la caravane.
Le coq suivit à la lettre les conseils du bouc et se retrouva libre. A trois, ils continuèrent la route. Chemin faisant, ils rencontrèrent l’âne.
Les trois amis le saluèrent, le plaignirent et lui proposèrent de se joindre à eux pour jouir d’une vie libre sans maître ni chaîne.
— Hélas ! Je ne sais comment échapper à la surveillance de mes maîtres ! s’inquiéta à son tour l’âne.
— Dès qu’ils te surchargeront, conseilla de nouveau le bouc, écarte tes quatre pattes et fais le mort.
L’âne suivit à la lettre les instructions du bouc et se retrouva libre. Les quatre amis libres continuèrent la route. Chacun d’eux fut nommé à une charge. Le bouc fut nommé «Sultan» car il savait conseiller, le bélier prit le titre de «Hadj» car il était pieux, le coq devint «Juge» puisqu’il décidait du réveil le matin et l’âne, grâce à sa force, obtint la charge de «policier» pour faire régner l’ordre.
Ils voyagèrent longtemps avant d’attirer l’attention du renard qui ne se sentait pas capable de menacer un si grand groupe. Il alerta le lion :
— Monseigneur ! Un festin va t’échapper. Le bouc, le bélier, le coq et l’âne se promènent sans maître pour les surveiller. Il te sera facile de les dévorer. Quant à moi, je me contenterai d’un os ou deux.
Lorsque le lion surgit devant les quatre amis, ils firent mine de se réjouir et l’invitèrent :
— Approche, approche Monseigneur ! (à suivre…)
L’Algérie des contes et légendes Nora Aceval
19 avril 2009
Culture