En dépit de toutes les opérations d’assainissement menées par les pouvoirs publics à même de contenir le phénomène de la clochardisation de la ville, voilà que la mendicité, la cartomancie et les diseurs de bonnes aventures reviennent en force. Artères, trottoirs,
cafés, restaurants, gares routières, marchés publics sont investis, à longueur de journée, par de bandes de petits enfants qui mendient à la limite de l’agression. Ils sont habillés de chiffons, pieds nus, visages crasseux et cheveux hirsutes et lâchés en bandes pour occuper le terrain et servir d’appâts aux coeurs fragiles. Ils sont à la solde de femmes venues directement de certaines communes limitrophes. Voilées et en robes noires, ces mendiantes professionnelles usent aussi d’un autre stratagème. Elles tiennent sur leurs jambes des bébés endormis et assiègent, tôt le matin, les galeries de Volani, au sud de la ville, devant les boulangeries, les mosquées et à l’intérieur même des lieux administratifs réservés au public. Fatima, Khaled, Rachid, Yamina et d’autres prénoms bien sûr empruntés, ratissent large et ce, pour pouvoir «gagner leur journée de travail» qu’ils devraient déposer à une caisse ambulante. De petits mendiants, bien rodés au métier, ne lâchent pas prise et collent toujours aux passants jusqu’à les harceler avec des formules apprises par coeur. Avec des couplets de mensonges, tous ces enfants de la rue ne semblent pas être effrayés par la taille de la ville de Tiaret, ni encore moins par les caractères et comportements de gens. Toujours dans cette immensité géographique, une autre espèce de gens partagent l’espace pour en faire des lieux de non droit, les derviches avec leurs burnous et chapelets communément appelés «Ouled Banali ». Et il y a les cartomanciennes qui se disputent la crédulité des petites gens. Des moeurs que l’on croyait vaincues par le savoir sont restées encore intactes dans les pratiques de personnes superstitieuses. La ville offre également un territoire vacant où des femmes et des hommes étrangers dont la provenance et l’origine demeurent inconnues trouvent refuge et deviennent des sans abris (SDF). La Direction de l’Action Sociale de la wilaya a recensé au moins 25 personnes dont 15 femmes occupant de nuit des coins dangereux souvent investis par des ivrognes. Cette même direction vient de lancer une campagne de ramassage de tous ces sans abris pour les placer dans des centres d’accueils où ils sont nourris et logés pour reprendre, le jour, la direction des rues de la ville et y retourner le soir.
B. KACEM CORRESPONDANT DE LA VOIX
3 mai 2010
Boudali. KACEM