Même l’ambitieux programme d’implantation de plus d’une dizaine de bibliothèques municipales travers le territoire de la wilaya n’est pas arrivé à réhabiliter la lecture aux yeux du citadin désormais ensorcelé par les envoûtantes images de la parabole, «système d’abêtissement des facultés mentales de l’être humain,
à commencer par les plus petits, soit la génération montante », dit un enseignant. «Mais faut-il le souligner, les bibliothèques communales sont toujours en quête d’une bonne gestion quand elles sont équipées et dotées en ouvrages valides pour le rare vrai lecteur. Quant à parler des antiques librairies, ces minarets de savoir qui illuminaient les cerveaux du citoyen, elles ont quasiment disparu pour être remplacées soit par des fastfood soit par des bureaux à tabac», fait-on remarquer dans la capitale des Rostémides. Alors que reste-il de la lecture et des lecteurs? A Tiaret-ville, Sougueur, Frenda, et dans d’autres villages, connus autrefois par leur appréciable lectorat, le goût de la lecture est un lointain souvenir. En ville, il n’y a plus de librairies au sens propre du mot et les propriétaires des rares magasins sont devenus de simples marchands de souvenirs et autres babioles. Un constat amer. Dans les établissements scolaires, et de l’avis même d’enseignants, «le goût de la lecture n’est plus d’actualité et les élèves ont perdu totalement l’esprit de recherche». Les plus aisés passent des heures entières dans les cybercafés pour retirer des copies d’exercices qu’ils remettront à leurs professeurs. Et dans les nombreux centres culturels et autres bibliothèques municipales, on ne rencontre que quelques rares visiteurs quand les étalages offrent des titres intéressants. Tout le monde est attiré désormais par la facilité et chacun peut recevoir des documents en recourant à l’internet. En plus, les librairies ont abandonné leur métier pour prendre la direction du marché informel qui est plus rentable. Selon certains universitaires, actuellement, les chercheurs éprouvent beaucoup de difficultés pour trouver certains titres. Il y a évidemment les bibliothèques publiques mais la plupart du temps, les délais exigés pour rendre les ouvrages n’encouragent point à la lecture personnelle. De plus, fait-on remarquer, les livres coûtent trop chers et ne sont pas à la portée de tous. Du côté d’anciens libraires, on affirme que ce sont la démotivation affichée par le citoyen et les prix inabordables du livre qui les ont poussés à abandonner l’activité après avoir souffert du bradage de grands stocks, restés longtemps invendus. «L’ultime ressource est peut-être l’institution de la lecture en tant que discipline obligatoire des l’acquisition des premiers apprentissages, ceci aux cotés du programme de création de nombreuses bibliothèques à travers les établissements publics fréquentés par la majorité des citoyens», estime, pour sa part, un directeur d’école.
S. MOUMEN CORRESPONDANT DE LA VOIX
4 mai 2010
S.Moumen