En ce jeudi clément, juché à son balcon sur la prestigieuse rue Bugeaud, une vieille dame regarde avec admiration un groupe de jeunes qui s’époumonent, à ses pieds, pour déclamer jusqu’à se rompre la voix, des chansons à la gloire de l’équipe nationale à vingt-quatre heures du match, trop «stressant», contre les Slovènes.
A vingt-quatre heures de l’entrée en lice des Verts face à la Slovénie, au point que les supporters des camarades de Karim Ziani font feu de tout bois pour entretenir le rêve d’une qualification historique au second tour de la compétition sportive la plus prestigieuse de la planète.
En effet, jeudi matin, dans tous les cafés et places publiques de la ville, l’on ne parlait que d’un seul et unique sujet: le match de dimanche, le pronostic d’une rencontre décisive pour la suite de l’aventure de l’Algérie au pays de Nelson Mandela. Malik, assis à une table dans un café bruyant et enfumé d’un café de la ville fait de gros gestes avec les bras, poussant son vis-à-vis à élever la voix jusqu’à courroucer le serveur qui se plaint de tant de boucan. Renseignement pris, l’on saura que Malik, un courtier de voitures qui a pignon sur rue, vient de parier la modique somme de vingt-cinq millions de centimes cash pour une victoire des Verts, dimanche, pour son premier match de la compétition la plus prestigieuse de la planète. Son vis-à-vis qui mise la même somme est certain, quant à lui, d’une défaite du onze algérien et se gratte déjà les mains pour augmenter la fièvre chez son contradicteur. A une table plus loin, Bachir, tirant de grosses volutes de fumée, parie son portable «made-in» pour une victoire de l’Algérie par deux buts à zéro, tandis que son copain d’en face se montre plus pessimiste et parie lui aussi son portable de moindre qualité plus deux mille dinars sur la table. D’autres cafés et salons de thé, la «tête aux affaires» ont déjà installé des écrans de télévision pour attirer une plus grande clientèle tout au long du Mondial et augmenter du simple au double le prix des consommations. Jeudi, vers seize heures, un octogénaire déambulant près du marché de «Volani» avec un survêtement aux couleurs de l’équipe nationale, s’attirant la sympathie d’un groupe de jeunes badauds qui le taquinent en lui posant la fatidique question : «Chta n’dirou fiha dimanche Si El Hadj?», et au pépère de répondre du tic au tac : «A cœur vaillant, rien d’impossible ya ouladi!».
13 juin 2010
El -HOUARI Dilmi, sport