Qu’on le veuille ou non, et en dépit des efforts consentis par les pouvoirs publics afin de couvrir les frais relatifs aux soins et autres actes médicaux au profit d’un grand nombre de citoyens, notamment ceux atteints de maladies chroniques, la cherté de vie pousse de nombreux malades démunis à recourir à la médecine traditionnelle souvent pratiquée par des personnes analphabètes et peu scrupuleuses. Ainsi, le coût d’une prise en charge médicale, physique ou mentale, et le fait que certains praticiens bravent le serment d’Hippocrate pour courir derrière le gain facile et rapide, ont favorisé la montée et la relance du commerce de la médication par les herbes et les plantes.
A cet effet, le phénomène des traitements par des séances de charlatanisme à base d’amulettes, par les potions magiques ou toutes sortes de gris-gris, considérés par certains désespérés comme dernier rempart à leur lourde pathologie que la médecine n’a pu guérir, prend de l’ampleur au sein de la société. Cette alternative facile et de moindre coût, en remplacement d’un traitement à base de médicaments prescrits par des spécialistes, après consultation et investigation est considérée comme l’un des remèdes les plus efficaces par un grand nombre de citoyens, surtout par les couches les plus démunies. Ce constat est apparent à tout observateur qui visite les quartiers connus par la concentration de leur population ou les marchés hebdomadaires des grands centres urbains tels Sougueur, Ksar-Chellala, Medrissa et bien d’autres. Les lieux de prédilection de ces guérisseurs sont nombreux et divers allant des boutiques fleuries et encensées en passant par les fourgons aménagés jusqu’à l’exposition à même le sol, sur des étals de fortune des plantes et autres solutions et baumes aux noms aussi étranges qu’inconnus. Ces médecins du pauvre vantent, avec un verbe facile, les vertus curatives de leurs «marchandises». Sur les marchés hebdomadaires une petite visite à certaines de ces boutiques ambulantes dites «spécialisées» permet de constater de visu, des carrés pleins de toutes sortes de boîtes et de flacons, bien emballés sur lesquels sont portés les noms du médicament, indiquant la posologie, les indications thérapeutiques et le mode d’administration. Très sûr de lui «le médecin des pauvres» explique à ses clients l’efficacité de ses produits miracles. Très généreux et surtout très convaincant le «praticien» en question consent, en seigneur, devant l’ensorcellement des «proies» qui «boivent» avec délectation ses explications et ses lotions, à leur faire des réductions de prix sur chaque produit acheté. Même les «aqdas» louches (un mélange de certains grains, de supposé miel et d’autre fourre-tout) sont soigneusement conservées dans des bocaux bien hermétiques. Chaque récipient, en fonction de sa composition en substance, de sa couleur et de sa consistance, est destiné à alléger l’être humain de toutes ses souffrances, de ses déboires de santé et de sa chance dans la vie.
D’autre part, ce spécialiste ose même exhiber son cachet et sa griffe devant l’assistance pour fermer le bec à certaines personnes cultivées qui tentaient de lui poser des questions embarrassantes sur l’origine de sa marchandise, son diplôme… Mais la majorité des patients se range du côté du guérisseur évidemment et les indésirables intellectuels sont priés d’aller étaler leur savoir ailleurs.
Enfin, il reste à souligner que ces guérisseurs affirment être en possession d’autorisations délivrées par les autorités sans nous indiquer lesquelles et que concernant le côté nocif de ces médicaments miracles, on nous déclare que tous ces produits «miraculeux» vendus sont préparés à base de plantes médicinales naturelles cependant sans indiquer ni où, ni comment, ni par qui.
S.Moumen
22 juin 2010
S.Moumen