«Les petits ruisseaux font les grandes rivières, dit le proverbe». Ceci sied parfaitement à la petite école primaire rurale, de l’agglomération du lieudit «Ouled Fayed», implantée à quelques 8km du chef-lieu de la commune de Bougara, relevant de la daïra de Hamadia.
Effectivement, puisque ce petit établissement démuni, et fonctionnant dans des conditions que l’on peut qualifier de dures, vient de réaliser un appréciable taux de réussite de 100%, à la première session de l’examen d’entrée en première année moyenne, avec huit (08) élèves reçus sur les 08 qui se sont présentés à l’examen.
Un exploit rarement réalisé par de grandes écoles centrales, situées au niveau des chefs-lieux des daïra et communes, que sont Hamadia et Bougara, et bénéficiant de meilleures conditions de travail pour les élèves et les enseignants, tels le chauffage au gaz naturel, une restauration parfaite, un encadrement pédagogique régulier et stable… En toute équité, les conditions de travail dans les écoles rurales et urbaines sont incomparables. Seuls les efforts réellement déployés comptent : voilà comment expliquer cette réussite. C’est celle de l’abnégation et du dévouement des enseignants, en particulier, et de tous les partenaires compétents concernés : encadrement pédagogique, administratif, parents et autorités locales. Mais, dans cet exploit, la palme d’or est à décerner à… l’enseignante de langue française, Melle A.D, qui est arrivée de par son engagement, et sa fidélité à sa noble mission, à réaliser le taux de réussite, inégalé même à Tiaret, ville, où plus de 87%, soit 07 élèves reçus sur les 08, qui se sont présentés à la redoutable épreuve de français. Une discipline devenue langue « étrange » pour l’école algérienne. Mais l’originalité de ce rare résultat réside surtout, dans le statut de l’enseignante. A voir ce résultat, d’aucuns penseront tout de suite, que les élèves du Douar de Ouled Fayed sont pris en charge, par un enseignant ancien et chevronné. Détrompez-vous vite, car il ne s’agit en fait, que d’une maîtresse contractuelle, depuis plus de 03 ans, souvent payée en retard, et non diplômée en langue française, mais en sciences biologiques. Pour les secrets de cette réussite, il n’y en a point. Cette modeste enseignante accomplissait seulement son devoir, et souvent dans des conditions très dures, en raison de l’incompréhension ou l’indifférence affichées à son égard, par certains de ses collègues ou supérieurs. C’est l’intention et la volonté de bien faire, qui aboutissent au bienfait. Malgré tous les divers et nombreux obstacles rencontrés, comme l’éloignement, le manque de formation, et d’autres privations matérielles, la maîtresse passait toutes ses journées auprès de ses élèves, qui continueront de l’estimer. Cependant, cette enseignante modèle est jusqu’à ce jour naturellement marginalisée, par les responsables de la D.E de Tiaret, puisque ne pouvant ni être autorisée à passer le concours de recrutement, ni intégrée en application des nouvelles mesures d’embauche, dans le secteur de l’enseignement. Enfin, une petite lettre de recommandation ou une récompense symbolique, ferait sûrement plaisir à cette demoiselle. Celle qui aura réussi débarrasser le français de la fatalité, qui le poursuit à tous les niveaux.
Ouest Tribune
1 juillet 2010
ENSEIGNEMENT