Diplômé de l’Ecole nationale d’administration, cadre supérieur au ministère de la Culture durant de longues années, membre du Conseil national économique et social, professeur du patrimoine culturel, il est aussi producteur d’émissions de télévision. Il a été président du Conseil national de la musique et commissaire général du Festival national de la chanson chaâbi,
dont il a été le principal initiateur. Ancien chanteur chaâbi, Abdelkader Bendaamache a, à son actif, quelque 73 ouvrages consacrés principalement au patrimoine comme «Les grandes figures de l’art musical en Algérie», «L’oeuvre réunie de El Boudali Safir», «La troupe artistique du FLN (1958-1962)», Constantine (2005) réédité en 2007 en langue nationale, «Cheikh Abdelkrim Dali, vie et œuvre », un diwan de poésies populaires ou encore Mahboub Bati «Un artiste de légende» (2006). Il est également l’initiateur des coffrets consacrés aux maîtres de la chanson algérienne (El Anka, Guerouabi, Ahmed Wahbi).
Le festival chaâbi vit régulièrement chaque année son édition. A quoi est dûe, à votre avis cette longue vie ?
A vrai dire, la stabilité échoit à l’institutionnalisation du Ministère de la culture en 2003, de tous les festivals à caractère culturel.
A travers cette démarche, l’action culturelle devient plus sereine, réfléchie et pérenne dans le temps par rapport aux précédentes années. Notre pays est vaste. Aujourd’hui, le chaabi est aimé dans toutes les régions du pays.
Dès la première édition, nous avons ciblé les jeunes interprètes originaires de Souk Ahras ,Guelma, Béchar, Relizane, Skikda ou Tiaret, en plus des villes traditionnellement connues pour la pratique du chaabi comme Alger, Mostaganem, Bejaia ou Annaba. Pour rappel, le festival national du chaabi est créé par arrêté ministériel du 18 juillet 2005, nous avons tenu la première édition en octobre 2006.
A la lumière des expériences des éditions précédentes, quels sont les correctifs que vous avez apportés pour la réussite du festival de cette année ?
Nous tablons sur la connaissance et le savoir. Ces derniers sont des éléments moteurs qui nous donnent la perspective de parfaire l’action que nous menons, celle de former, de diffuser, de mettre la connaissance à la portée des candidats interprètes quel que soit leur niveau.
Cette année, nous avons intégré un programme pédagogique au profit des candidats participants. Nous faisons de cet aspect un élément important de la sanction finale du candidat, c’est-à-dire qu’une note pédagogique lui sera attribuée en fonction de sa participation aux cours et aux conférences donnés dans le cadre des masters class. Nous comptons, par ailleurs élargir aux grandes agglomérations de l’Algérois. Autrement dit, les candidats se produiront en dehors du TNA, lieu de compétition.
Comment se manifeste le caractère national du chaâbi puisque vous avez des chanteurs originaires des régions où ce genre populaire musical n’est pas la spécificité de ces lieux ?
C’est justement l’objectif de notre institution, nous nous intéressons à tous les citoyens des quatre coins du pays et même ceux de notre communauté à l’étranger. Le festival national de la chanson chaâbi se déroule en 3 étapes : la présélection locale se déroule en mai, la demi finale est prévue en juillet à Sétif, Chlef et Alger, et la phase finale est attendue en août à Alger.
Habituellement, vous organisez les soirées du festival au TNA. Il est question d’organiser des concerts au théâtre plein air de l’institut national supérieur de musique (INSM). Est-ce une initiative heureuse ?
Oui, c’est une idée qui nous permet d’élargir l’espace d’expression du festival. Cette initiative apportera de la joie et de la gaieté sûrement aux populations des quartiers importants de la capitale. Elle donnera aussi une occasion aux candidats une autre chance de prestation devant un jury différent de celui du TNA présidé par le grand maître Cheikh El Hadj Boudjemaa El Ankis.
Pensez-vous qu’avec l’organisation de ce festival, vous participez à la promotion et au développement de ce genre populaire dans son texte classique comme sous sa forme modernisée ?
Incontestablement, c’est d’ailleurs le but essentiel de notre approche. Car le développement ne se fait que par la formation et la communication du savoir par des professionnels qualifiés. Ce genre musical a connu des altérations, notre rôle est de procéder à un recentrage basé sur la recherche scientifique et son corollaire la communication, la publication et la diffusion sous toutes ses formes.
La forme modernisée a été réalisée avec bonheur durant les années soixante dix par d’éminentes personnalités à leur tête Mahboub Bati. Le résultat était tout simplement impressionnant puisqu’il a donné à la chanson algérienne d’une manière générale et particulièrement la chanson chaabi, une grande dimension portée par un très large public.
Aujourd’hui, on assiste à des expériences plus ou moins heureuses proposées par des interprètes qui tentent d’apporter leur touche à l’édifice …et le public reste seul juge.
Vous êtes un adepte inconditionnel du chaâbi et aussi de la musique du patrimoine. Vous fixez par les livres, l’histoire et la mémoire des hauts faits, des pionniers. Parlez-nous de vos publications et de vos projets ?
Le chaabi et l’écriture sont mes deux passions. En plus de la radio et la télévision, je passe aujourd’hui à la restitution de toutes les connaissances que j’ai collectées durant quarante ans d’expériences.
La publication est le moyen de restitution par excellence aux générations futures et à l’enrichissement de notre mémoire collective.
La réalisation durant l’année 2007 de « l’anthologie du patrimoine musical national » m’a permis de concrétiser une partie de mes rêves. J’ai également publié durant l’année 2009 plusieurs ouvrages qui traitent de la musique et de l’histoire de nos valeureuses personnalités artistiques qui nous ont légué ce riche patrimoine.
Les ouvrages « Les grandes figures de la musique algérienne» en trois tomes, «Abdelkrim Dali» , «Mahboub Bati» , et «El Boudali Safir», constituent pour moi une mission de mise en valeur de notre mémoire et une reconnaissance envers ces hommes et ces femmes généreux, amoureux de l’Algérie et de notre culture .
J’ambitionne de publier le quatrième tome des grandes figures, ainsi que le deuxième tome du recueil de poèmes populaires, Blaoui El Houari et Saloua. J’ai édité il y a quelques semaines seulement la suite de l’anthologie du patrimoine musical avec cheikh Amar Zahi. Je prépare également un ouvrage sur la vie et l’œuvre de Cheikh El Hadj Mrizek.
Horizon
16 juillet 2010
3.Non classé