Il semble certain, que rien ne peut désormais tirer Frenda, autrefois un havre de paix, de repos, de fraîcheur et d’ambiance artistique, de sa torpeur actuelle. Une ville qui était en harmonie avec les festivités ramadhanesques, il n’y a pas si longtemps.
Malheureusement, il se trouve qu’aujourd’hui, Frenda, en mal d’authenticité depuis quelques années déjà et en face d’un recul certain de l’activité culturelle et artistique, est en train de sombrer dans une monotonie fatale, coulant ses jours comme ses nuits dans une indifférence totale de tous. En effet, même en ce mois sacré, ses nuits ne se distinguent pas des autres, à l’exception des grands boulevards, qui à partir de 21 heures ne désemplissent pas. Les squatteurs de trottoirs et les vendeurs ambulants font depuis longtemps partie intégrante du décor, de la rue principale ou le boulevard des Martyrs. Idem pour le rond-point de la station des transports urbains, transformé anarchiquement en marché multiple de proximité. Un peu plus loin, à la place centrale, des centaines de jeunes occupent les bancs et les coins et même les marches d’escaliers des rues jouxtant la place. Ils sont parfois debout, discutant de tout et de rien, dans une ambiance généralement propre aux regroupements des nostalgiques. D’autres, ceux catalogués comme ancienne génération, choisissent, quant à eux des regroupements plus intimes, autour de parties de dominos et autres jeux de société. Les nombreux cafés de la ville affichent, bien évidemment souvent complet et c’est à grand peine, si les flâneurs réussissent à se dégoter un bout de table ou des chaises libres. «On n’a pas où aller après le ftour. Il n’y a aucun moyen de distraction, si ce n’est les cafés pour passer les soirées», devait nous dire B.N, un intellectuel avec un sentiment de déception. Belkacem lui était plus que révolté, par la situation d’inertie qui caractérise ce mois sacré. «La seule ambiance qu’on a depuis longtemps, c’est celle animée des cafés. D’ailleurs, comment voulez-vous que le secteur de la culture soit actif en ce mois, du moment que de nombreux responsables sont en congé annuel ?» Il faut dire, que le mutisme de tous : citoyens, représentants de la société civile et responsables, sans omette l’inactivité de la scène culturelle, ont fait oublier le goût des festivités, pas seulement durant le mois du Ramadhan, mais pendant toute l’année à Frenda. Pourtant, c’est une métropole réputée, pour être un grand pôle touristique. Mais, seules : la bonne volonté et l’ambition ne suffisent pas, à concrétiser les mille et un projets culturels, en hibernation forcée à Frenda.
Ouest Tribune du 25/08/2010 S. Moumen
25 août 2010
FRENDA, S.Moumen