Selon de nombreux citoyens rencontrés, « De nos jours, il est devenu plus facile de s’adonner à des travaux forcés que de se rendre auprès de certains services d’état-civil déjà fatigués et dépassés depuis des années »
En effet, nombreux sont ceux qui soutiennent l’hypothèse car ce service névralgique, affirme-t-on sur les lieux, est loin de répondre aux attentes d’une demande de plus en plus consistante et exigeante dans une grande ville comme Sougueur, la capitale du Djebel -Nador, le plus important centre après Tiaret et dont elle séparée par quelque 27 kms sur la RN 23 vers le sud.
Quelles que soient les raisons, l’état-civil semble bien malade pour les citoyens qui s’y rendent chaque jour. En dépit des tentatives de modernisation entamées, notamment la politique gouvernementale illustrée dans l’administration électronique ; l’état civil algérien continue de fonctionner telle une machine à vapeur, à l’ère où ses paires dans certains pays voisins, ont réussi, majestueusement, à lever le défi numérique. L’informatisation de l’état civil peine à se répandre dans nos mairies. Chose qui n’est pas sans accentuer le malaise des citoyens, notamment à l’ombre d’une course effrénée non seulement pour le fameux extrait d’acte de naissance «12S» mais également pour le simple extrait 12 si cher aux administrations. Comme nous l’avons vu ce dimanche 29 Août à Sougueur et sans exagérer, le temps et l’effort qu’investissent les citoyens pour s’acquitter d’une pièce d’état civil relève du parcours d’un combattant. Dans la grande salle surchauffée aménagée indépendamment du siège de l’APC depuis une année parmi une suite de vitrines et sans enseigne distinctive, des usagers des deux sexes et de tous les âges suffoquaient. Derrière les deux principaux guichets réservés au service, les agents s’égosillaient à expliquer aux solliciteurs qu’il n’y avait plus d’imprimés 12 et qu’ « on » est allé en chercher peut-être à la daïra. Un homme à l’air arrogant et bien habillé «brûle » la file après avoir gratifié d’un sourire connaisseur un agent du service d’état-civil. Une autre forme de doubler la chaîne est souvent contractée par des citoyens sous de fallacieux prétextes, à l’instar de : n’avoir pas suffisamment de temps, ou carrément pour se donner le privilège de se démarquer d’une foule qu’ils jugent indécente pour eux. Du mépris pour les uns, un passe-droit pour les autres ; l’interprétation de ces gestes diffère d’une personne à l’autre. Il s’agit du «piston» ou de l’incivisme moderne, des habitudes qui ont pris des proportions inquiétantes dans la société. Un passage invivable pour tout le monde, notamment pour les personnes âgées. Le rush commence, d’après certains citoyens, quelques heures avant l’ouverture des portes. Plusieurs personnes font la queue devant le siège de la mairie. Suivant la règle du premier venu, premier servi et pour parer aux éventuelles tentatives de surpassement de la chaîne lesquelles sont nombreuses ; les premiers sur les lieux mettent leurs livrets de famille en file devant le pauvre agent qui est souvent du sexe féminin ayant du mal à respirer. Jeunes, moins jeunes, hommes et femmes, le décor est presque le même ici ou ailleurs. S’acquitter d’un papier est le souci principal de tout le monde. Cependant, la chaîne s’avère des plus compromettantes. Un véritable casse-tête, omniprésent comme dans toutes les mairies, où le long souffle est recommandé. Chacun luttant contre un vice qu’il arrive à peine à gérer en attendant le prestigieux appel à la rupture du jeûne, l’endroit offre une véritable arène à toute sorte d’altercations verbales, tantôt entre deux citoyens tantôt entre un agent et un citoyen. «Trois heures se sont déjà écoulées depuis que j’attendais mon tour», dit Samir, visiblement mal réveillé. Maintenant, il est presque midi, je suis englouti par cette marée humaine qui se rue, lentement, vers le guichet. Je suis très en colère contre tous ces responsables qui ne font rien pour améliorer les conditions, enchaînerat- il avant de s’interroger innocemment pourquoi les autorités tardent à informatiser l’état civil ? Du côté des autorités, le chef de service que nous avons demandé, une dame selon les propos recueillis sur place, était absent, parti à la daïra pour ramener les fameux imprimés, source de tous ces tracas. Enfin, n’ayant pas pu récolter quelques statistiques quant au nombre de documents délivrés quotidiennement, une certaine source nous a informé que Sougueur a récemment bénéficié du projet de réalisation d’un siège pour l’APC en attendant le renforcement du personnel jugé très insuffisant pour satisfaire les doléances de la population d’une aussi grande daïra, promise au rang de wilaya délégué
1 septembre 2010
S.Moumen, Sougueur