En ce mois supposé être celui de l’abstinence et de self-contrôle en matière de plaisirs du monde d’ici-bas, d’aucuns ne reculent devant rien pour satisfaire leurs papilles gustatives, quitte à racler leurs porte-monnaie jusqu’au dernier sou.
C’est le cas pour l’irremplaçable coriandre, un condiment si prisé qu’il est impensable de préparer sa soupe (h’rira ou chorba frik selon les goûts) sans cette plante aromatique aux origines lointaines. Vendue jusqu’à cinquante dinars le bouquet, au marché couvert de la ville, des hommes et des femmes, sous «l’emprise» du jeûne font le pied de grue, parfois pendant plusieurs heures, devant les vendeurs de cette plante herbacée pour dénicher le fameux bouquet, quel qu’en soit le prix. Dans les autres marchés de la ville, il faut se lever tôt pour espérer «décrocher» un bouquet de coriandre, les stocks s’épuisant le plus souvent avant onze heures du matin. Véritable «filon» pour ceux qui cultivent à peu de frais cette plante aromatique si prisée par la ménagère en ce mois de toutes les envies, des jeunes trouvent le moyen de la racheter aux producteurs pour la revendre comme des petits pains avec un prix double, Voire triple. C’est le cas aussi pour les figues de barbarie, disponibles en quantités suffisantes cette saison mais avec des prix assez élevés puisque vendue jusqu’à six dinars/pièce pour les fruits de gros calibre. Ce fruit suave et exotique est particulièrement prisé en ce mois de carême, au point que des jeunes sans emploi y ont trouvé un moyen pour gagner un peu d’argent de poche. Flanqués de leurs charrettes pleines à ras bord, au marché des fruits et légumes de «Volani», ces travailleurs occasionnels ne trouvent aucun mal à écouler leurs stocks, un plaisir quelque peu gâché par ces minuscules épines qui se plantent dans leurs doigts, leur donnant, le plus souvent, un mal fou pour les extirper, souvent à l’aide d’un coupe-ongle ou d’une aiguille à coudre.
1 septembre 2010
El -HOUARI Dilmi