Énigmatique incision sur le pied d’un cadavre Hôpital de Tiaret Par : R. SALEM

Edition du Mardi 14 Septembre 2010

L’Algérie profonde

Une bévue médicale, ou accident médical, désigne classiquement toute forme d’incident ou de malheur survenant involontairement dans le domaine de la santé. Mais l’ambigüité qu’a vécue l’établissement public hospitalier Yousef-Damardji de Tiaret, en début de cette semaine, relève d’un drame pour le moins singulier et indésirable dont l’importance ne peut être négligeable.
Il s’agit, en effet, du cadavre d’une femme décédée, durant la nuit de vendredi à samedi dernier, au sein de la dite structure, sur lequel apparaît une incision bizarre au niveau du pied gauche. “Notre attention a été attirée lorsque nous avions remarqué, lors du transfert de la dépouille à partir de la morgue, des taches de sang sur le drap qui la couvrait”, nous dira son frère qui affirmera avoir difficilement pu contenir, tout comme ses proches, son chagrin en découvrant les sévices  dont était victime la défunte. Il précisera que cette femme, âgée de 56 ans et mère de trois filles, menait déjà une vie précaire à Karman, dans la périphérie est de Tiaret, avant de se faire admettre à l’hôpital, une semaine auparavant, pour se faire soigner de la tuberculose qui la rongeait. Cependant, certains membres de cette famille nous ont affirmé avoir déposé une plainte, avec des photos à l’appui, auprès du procureur de la République en se constituant partie civile. Toutefois, pour de plus amples informations, nous avons pris attache avec l’intérimaire du directeur de la santé et de la population, absent pour les congés de l’Aïd, qui n’arrive pas à digérer facilement une telle incohérence. Néanmoins, ce dernier, non sans tenter de disculper son secteur, a promis de mettre sur pied une commission d’enquête, qui sera constituée de professionnels et inspecteurs de la Santé publique, pour déterminer les tenants et aboutissants de cette affaire qu’il a qualifiée d’imbroglio insolite. Pour sa part, une inspectrice de la DSP, en scrutant  les photos, nous fera part d’une éventuelle nécrose qui aurait pour cause la fragilité du corps de la défunte. Plus loin, cette dernière étalera une autre version en estimant que l’équipe médicale aurait, peut-être, été contrainte de dénuder le pied de cette femme pour parvenir à la piquer pour nécessité de soins.
Les deux versions laissent croire que l’entaille aurait eu lieu avant le décès de cette femme. Une explication sur laquelle les proches de la victime ne daignent pas s’aligner dans la mesure où ils maintiennent  que l’incision est intervenue après la mort, voire au niveau de la morgue. Par ailleurs, afin de parer à toute équivoque, nos interlocuteurs, au niveau de la DSP, ont affiché leur ferme détermination d’aller au bout de l’enquête pour élucider le mystère qui couvre cette histoire et définir, si la version des plaignants vient à se confirmer, les responsabilités. Au demeurant, une probable enquête du parquet est aussi attendue.