Le dialogue des civilisations et des cultures ne signifie pas plaquer une identité sur une autre mais aller vers l’Autre, a estimé le sénateur de la ville de Belfort (France), M. Jean-Pierre Chevènement, dimanche soir à Oran. Dans une conférence intitulée «République, laïcité et religions», qu’il a animée au Centre culturel français d’Oran, l’ancien ministre français de l’Intérieur et de la Défense a longuement parlé de la place de l’Islam en France et de la nécessité «d’aller vers l’autre pour mieux le comprendre et l’écouter». Dans ce sens, il a fait appel à la pensée de Jacques Berque, ce penseur natif de la ville de Frenda, dans la wilaya de Tiaret. «Dans sa très célèbre traduction du Coran, Jacques Berque a relevé plus d’une quarantaine de références et d’appels à la raison dans le Saint Livre», a souligné M. Chevènement,
initiateur du Conseil français du culte musulman (CFCM), instance représentative de l’Islam de France. Pour lui, la création de cette instance s’est avérée «nécessaire» pour offrir aux musulmans de France un cadre représentatif comme ceux dont disposent les confessions catholiques, protestantes et juives. «Toutes les religions ont droit d’exister et de coexister», a-t-il déclaré dans ce sens. Il a estimé au passage que l’Islam en France connaît actuellement «une évolution d’apaisement », dans la mesure où, selon lui, «il existe une instance (CFCM) et la question de construction de lieux de culte est en voie de règlement ». Il a également abordé certaines questions faisant l’actualité française, comme la récente loi sur le voile intégral. «La polémique suscitée par les débats et l’adoption de cette loi est la résultante de malentendus profonds», a-t-il indiqué. «L’Islam doit avoir sa place à la table de la République au même titre que les autres religions», a ajouté M. Jean- Pierre Chevènement, qui a souligné la modernité de la pensée d’Ibn Khaldoun et de l’Emir Abdelkader, empreinte de valeurs humanistes et universelles. L’ancien ministre français a fait état, d’autre part, de sa «confiance » quant à l’évolution positive des relations algéro-françaises. «Je suis confiant quant à l’avenir des relations entre nos deux pays. Cet avenir sera beaucoup plus long que le passé. ous avons des siècles devant nous où nous serons côte à côte», a-t-il dit. «J’ai découvert la générosité du peuple algérien et son courage. J’ai découvert ce qu’étaient le fait colonial et la justesse de la cause du peuple algérien. J’ai appris à aimer le peuple algérien, sentiment qui ne m’a jamais quitté depuis», a-t-il ajouté en évoquant les années passées en Algérie, au moment où il accomplissait son service militaire à Oran, à quelques mois du recouvrement de l’indépendance nationale. De nombreuses questions, comme la situation au Proche-Orient et en Irak, le désarmement et l’intégration des communautés étrangères dans la société française, ont été abordées lors du débat.
20 septembre 2010
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