RSS

La mendicité : un phénomène aux divers parois

25 septembre 2010

M. Zouaoui

En l’absence de mesures adaptées pour la juguler et de moyens réglementaires pour la combattre, la mendicité devient, au fil du temps, un créneau flexible qui submerge les quartiers et les places publiques de mendiants de tous âges. Conçue telle une « profession libérale autorisée », elle se perpétue à une cadence vertigineuse

ÀTiaret, les rues, les stations de bus, aux alentours des banques et des magasins, notamment des boulangeries, sur les parvis des mosquées etc., les passants sont accostés avec un entêtement par ces quémandeurs qui les talonnent à outrance et les invectivent même quand ils ne sont pas satisfaits. Pour leur nombre, il demeure inestimable dans la mesure où aucune enquête n’a été élaborée pour en connaître l’ampleur et contrecarrer le phénomène. Les causes, on en convient, sont aussi diverses que nombreuses, allant de la pauvreté à l’handicap, pour les plus âgés, en passant par la perte ou le divorce des parents pour les jeunes et les enfants. Néanmoins, là où le bât blesse, c’est que de nombreux professionnels du « métier » exploitent nourrissons, enfants, personnes âgées et handicapées moyennant une gratification quotidienne pouvant aller jusqu’au double, triple, voire quadruple ou plus de ce que perçoit un fonctionnaire normal. Au demeurant, en dépit de certaines actions menées pour assister les ménages pauvres ou à faible revenu, les pouvoirs publics se voient impuissants devant un tel phénomène qui ne fait que ternir l’environnement social. Dès lors, ces derniers sont interpellés pour dresser un fichier assidu et trouver des mécanismes adéquats pour venir au secours des plus démunis pour que la loi en finisse par scruter la mendicité « complaisante », comme un délit passible d’une peine de prison afin d’assainir au mieux la situation. Mais une telle démarche sur laquelle les autorités concernées n’ont que trop commenté reste toujours lettre morte et plusieurs tentatives de la mettre en oeuvre n’ont jamais fait long feu. Nonobstant, une lutte contre ce fléau a été tentée à maintes reprises par les services combinés de l’action sociale, du Croissant Rouge algérien, de la Protection civile et ceux de la Sûreté nationale sans pour autant aboutir à un résultat apparent. Les quémandeurs appréhendés étaient à chaque fois acheminés vers le centre de transit de Karman ou vers le foyer des personnes âgées mais, hélas, c’est la persévérance qui manque le plus. Cependant, pour certains, la mendicité est tout simplement conçue en métier, à l’exemple de cet homme dont le physique est imprégné par des rides qui attestent non pas du poids de son âge, mais d’une vie non vécue. Qu’il vente ou qu’il pleuve, ce dernier papillonne, à longueur de l’année, de ville en ville, traînant sa petite famille derrière lui à la quête d’un pactole. «Lors de sa quête quotidienne, ce dernier fait usage de certains stratagèmes pour pousser les âmes charitables à mettre la main à la poche», trouvera à dire un de ses voisins qui ne le connaît que trop bien, avant de nous dévoiler qu’il lui arrive même de porter le statut d’usurier en prêtant de l’argent à des fonctionnaires contre des intérêts. Parlant toujours de cette personne, un commerçant du coin nous a confié qu’il venait souvent lui proposer des milliers de dinars de monnaie. Rusé qu’il est, ce dernier exhibe à chaque fois une ordonnance médicale pour parvenir à son but en touchant à la sensibilité des passants qui ne le connaissent pas et qui n’hésitent pas à glisser la main dans la poche avec le sentiment d’avoir contribué à alléger la souffrance du soi-disant malade. Un cas similaire, celui de cet homme d’un certain âge qui, accompagné de son petit enfant, occupe depuis de longues années les artères de la ville. D’ailleurs, c’est dans de telles conditions qu’il avait, selon certains témoignages, perdu un de ses enfants atteint d’une tuberculose, car perpétuellement exposé aux aléas climatiques. Une balade à travers la ville nous a permis d’avoir une idée sur le quotidien de ces vrais mendiants et les raisons qui les ont poussés à recourir à cette pratique. Amine, un jeune enfant ne dépassant pas la dizaine, habillé de guenilles brunies de saleté, les mains crasseuses et les pieds à demi-nus, sillonne délicatement l’allée du marché de Volani. À la recherche d’une cible, il guette, plutôt il scrute d’abord les chalands avant de les suivre pour les apostropher. «De grâce, donnez-moi de quoi acheter du pain, que Dieu vous protège.» Usant d’un vocabulaire émouvant, il a pu fomenter l’apitoiement de plusieurs personnes qui lui ont remis effectivement quelques pièces. Après quoi, il quitte les allées du marché pour rejoindre, à grandes enjambées, sa mère pour lui remettre ce qu’il avait récolté. La maman, visage à demi-voilé, assise à même le sol sur un carton de fortune, embrasse son fils tout en caressant sa petite fille arc-boutée près d’elle. C’est ainsi que nous avons abordé la dame pour connaître son histoire. Après un long silence, les yeux larmoyants, cette femme a fini par nous relater sa pitoyable vie. «Sincèrement, je n’ai jamais imaginé atteindre un jour ce stade en jouissant d’un passé très décent. Mais, la vie ne nous a guère épargnés, moi et ces enfants que vous voyez, en me tournant le dos depuis que mon mari s’est remarié avec une de ses collègues. Il nous a tout bonnement abandonnés pour savourer ses jours. Mes parents décédés, mes frères ont refusé de m’offrir l’hospitalité car mes enfants sont vus tel un fardeau pour eux.» Cette dernière, ne pouvant abandonner sa progéniture, a dû quitter sa wilaya d’origine pour venir à Tiaret. «Les terroristes ont assassiné un de mes enfants avant que le second ne soit tué, lors d’une rixe pour me retrouver seule sans revenu et sans assistance», s’expliquera cette autre dame d’un certain âge qui trouve en la mendicité l’unique moyen de subsister.

Le Courrier D’Algérie Mercredi 8 septembre 2010

M. Zouaoui

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

Voir tous les articles de Artisan de l'ombre

Inscrivez vous

Abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir les mises à jour par e-mail.

Pas encore de commentaire.

Laisser un commentaire

À savoir sur le phénomène I... |
Encrage |
LE BLOG DE MAITRE YVES TOLE... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | sitehgeo4
| "L'arbre qui tombe peut fai...
| Dra. Monica Guia