Edition du Samedi 14 Mai 2005
L’Algérie profonde
Les précipitations enregistrées entre le mois de décembre et avril n’étant pas importantes, les agriculteurs craignent un mauvais rendement cette année. Contrairement à l’année dernière, où le rendement céréalier avait atteint un pic de 50 q à l’hectare,
la campagne actuelle, malgré un automne bien arrosé, est plongée dans la peur de la sécheresse. En effet, durant cette période de référence, les données météorologiques avaient parfois enregistré jusqu’à 70% d’excédent sur les quantités théoriques de pluie. Mais la joie des agriculteurs s’est avérée éphémère puisque durant les mois qui suivirent, voire de décembre à avril, le déficit noté s’est situé entre 5 et 89%. Autant dire qu’au début de la campagne, rien ne présageait une telle catastrophe et, mieux encore, les superficies emblavées avaient dépassé les objectifs de 255 000 ha pour atteindre 280 000 ha, dont 70 000 ha en zones intensives, 99 000 en zones intermédiaires et 111 000 pour d’autres zones. Pour les zones une et deux, le programme du Fnrda avait soutenu respectivement 36 000 et 4 000 ha au profit de 1 336 agriculteurs. Quant au choix des variétés, les services concernés de l’agriculture avaient porté leur dévolu sur celles ayant déjà prouvé leur compatibilité, à savoir mexicali, waha et vitron pour les blés durs, anza et hd 1 220 pour les blés tendres et Saïda pour les orges. Néanmoins, certains céréaliers n’avaient pas tourné le dos à leur expérience pour dénoncer, dès le début de la campagne labours-semailles, leur inquiétude anticipée due aux semences de mauvaise qualité acquises auprès des Ccls. Un contresens démenti par la direction des services de l’agriculture et par les responsables de ces coopératives. Une situation toute paradoxale qui, outre l’aléa climatique, nous confirme aujourd’hui cette triste réalité qui donne un coup dur à la céréaliculture. Au demeurant, cette calamité n’est pas allée sans toucher les éleveurs qui constatent une forte hausse des prix pour les produits d’alimentation de bétail. À titre indicatif, au marché à bestiaux de Frenda, un éleveur nous fait par de son souci de voir le prix d’un agneau, qui était estimé entre 12 000 et 14 000 DA, chuter à 9 000 DA, alors que le mouton, qui valait entre 18 000 et 20 000 DA ne coûte que 10 000 DA. Ce fléau a favorisé l’abattage clandestin au niveau de Frenda, où l’on enregistre environ une vingtaine de bouchers informels qui arrivent à écouler une moyenne de 16 têtes ovines chacun par semaine pendant que l’abattoir communal est tacitement mis en congé quand on sait que la moyenne de 25 têtes par jour habituellement abattues est infiniment inférieure aujourd’hui. Une autre forme de calamité qui risque d’envenimer la situation d’autant que la santé de la population est mise en danger par ces bouchers qui échappent à tout contrôle vétérinaire.
R. S.
22 octobre 2010
AGRICULTURE, R. SALEM