L’idée de création d’un foyer d’hébergement pour femmes battues et d’un numéro vert à l’adresse de cette même catégorie de la société a été pour la première fois évoquée samedi lors d’une rencontre consacrée au phénomène de la violence contre les femmes, organisée par le bureau
femmes de l’UGTA locale. En effet, avec plus de deux mille cas de violence contre des femmes enregistrés en une seule année (Ndlr : 2010) dont des cas mortels selon le médecin-légiste, Dr Nahar Nadjet en poste au niveau de l’établissement public hospitalier «Youcef Damardji» de Tiaret, l’idée de créer un foyer d’hébergement pour femmes battues et leur progéniture est «une nécessité absolue», selon la secrétaire générale du bureau féminin de l’UGTA, Mlle Benzama Fatiha. Revenant sur des chiffres déjà évoqués lors de la célébration de la Journée mondiale pour l’élimination de la violence à l’encontre des femmes, Nahar Nadjet, médecin-légiste, sous le slogan «Halte à la violence conjugale», a montré à l’assistance présente des photographies insoutenables sur des cas de violence commises sur des femmes dont une «photo-choc» montrant une femme d’un certain âge morte après avoir été battue et torturée par son mari. Parlant le langage des chiffres, le Dr Nahar Nadjet a mis en exergue la montée crescendo des cas de violence contre les femmes puisque de 5.700 cas recensés en 2000 au niveau national, le nombre de cas a augmenté pour atteindre 12.700 cas en 2009. Invité à éclairer l’assistance sur la règle juridique adoptée en matière de lutte contre la violence sur les femmes, Maître Babou Maâmar, avocat à la cour de justice de Tiaret, a dressé un large aperçu sur les peines de prison prévues par la loi algérienne pour punir les auteurs de violence ou d’agressions à l’encontre des femmes, estimant que «certains cas graves sont même passibles du tribunal criminel», a-t-il indiqué. Les conventions internationales ratifiées par l’Algérie en matière de protection des droits de la femme et de l’enfant ont également été évoquées lors de la même rencontre. Mme Besseghir, membre du bureau femmes de l’UGTA et militante associative a, de son côté, présenté des «cas concrets» de femmes battues ou agressées dans leur intégrité physique, le tout «dans l’objectif de sensibiliser sur un phénomène longtemps resté marginal mais aujourd’hui bien ancré dans les mœurs de la société algérienne puisqu’une femme sur cinq est battue en Algérie, selon des statistiques fournies lors de la célébration de la Journée mondiale pour l’élimination de la violence contre les femmes, le 25 novembre dernier.
16 décembre 2010
El -HOUARI Dilmi