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Écrit par M’hammedi BOUZINA (L’Expression) | |
27-02-2007 | |
L’histoire de Hamid Aït Abderrahim est une histoire de passion contractée, comme une maladie, dès l’adolescence. Et lorsqu’il en parle, ses yeux brillent d’un éclat particulier trahissant le feu qui continue de le dévorer. «Le monde du nucléaire est fascinant. Ses applications sont illimitées», affirme-t-il. A un peu plus de 40 ans, Hamid est directeur du système nucléaire avancé (SNA), au Centre d’études de l’énergie nucléaire belge (CEN). Il a, en plus de la direction de projets futuristes dans le domaine, la responsabilité de la sécurité de la centrale nucléaire belge de Mol.
Plus précisément, il dirige une équipe d’ingénieurs nucléaires qui étudie et surveille les risques de fragilisation des cuves des centrales nucléaires. Dans le langage scientifique, il s’agit de la physique des réacteurs. Il était, auparavant, en 1998, chef de département de la physique des réacteurs, dans la même société. Depuis, il supervise le projet Myrrha, pour la réalisation d’un prototype de système d’accélération de destruction de déchets nucléaires, dit système A.D.S. Mais Hamid a aussi d’autres occupations tels l’enseignement, les conférences internationales…Comment cet enfant de Tiaret, parti finir ses études secondaires à Alger, et réussir son examen du Bac avec mention, a-t-il pu s’imposer dans ce milieu élitiste et fermé de la recherche nucléaire? «A 14 ans, j’avais un professeur à Tiaret qui parlait si bien de Pierre et Marie Curie, les fondateurs de la physique nucléaire, du monde invisible des neutrons, becrels…que j’en suis tombé amoureux», m’explique-t-il. Il ajoute: «En 1976, après l’examen du Bac, j’ai été lauréat d’une bourse d’études à Londres offerte par Sonatrach, mais pour un ingéniorat en pétrole et gaz. J’étais content. Mais le matin où je devais prendre un taxi pour Arzew pour accomplir les formalités, j’ai rebroussé chemin. Non, s’il le faut, je vais m’aventurer seul, sans bourse, pour assouvir ma passion du monde du nucléaire.» Ainsi, voilà notre jeune Hamid, embarqué pour l’Europe avec quelques économies des parents, lancé dans son aventure. Je lui demande pourquoi il n’avait pas rejoint le Centre d’études nucléaires d’Alger? «Tu parles, bien sûr que je me suis rendu au centre en question. Mais le monsieur qui m’a reçu, m’a pris de haut en m’exigeant de faire des licences en physique, chimie… à l’université de Bab Ezzouar, puis de solliciter ma chance. C’est-à-dire sans la garantie d’être pris.» Il ajoute: «J’étais jeune, je ne comprenais pas pourquoi il fallait tout ce parcours.» Profitant d’une connaissance en Belgique, Hamid y débarque avec son Bac et commence un long et dur chemin d’épreuves et de situations difficiles. «D’octobre à la mi-décembre de ma première année à l’Ecole d’ingénieurs industriels, je me nourrissais de tartines et d’eau, parce que j’avais payé l’équivalent de 2000 euros actuels, comme frais d’inscription. Il ne me restait rien.» Passée la première année, les choses se mettent en place, et Hamid enchaîne les succès: Institut supérieur industriel de Bruxelles, DEA en physique des réacteurs en 1983-84, stage au labo de Kadarache (France), Doctorat à Mol (Belgique). Suivent les contrats de travail: chercheur en neutronique en 1989 à Mol; en 1991, premier poste de responsabilité au groupe de Dosimétrie, toujours à Mol; 1995, chef de département de la recherche sur le combustible nucléaire, il dirige un groupe de 30 chercheurs; 1998, il est chef de département des physiques des réacteurs où il supervise le projet Myrrha, et jusqu’en 2006 où il accède à la direction du système nucléaire avancé. Ses activités et son emploi du temps chargé, ne l’empêchent pas de suivre des programmes d’échanges avec l’Algérie, en particulier avec les trois sites nucléaires. En novembre dernier, il donna une conférence remarquée lors de la rencontre d’Alger sur le sujet. Le plus surprenant, ce chercheur remarqué vous donne l’impression qu’il commence seulement à découvrir le monde de la physique et de la radioactivité. Il estime qu’il est loin d’avoir assouvi sa passion. Une passion qu’il a, semble-t-il, transmis à son unique enfant de 15 ans, qui se passionne, lui aussi, au monde fascinant de la physique, de la chimie et des maths. Source : Journal L’Expression. |
3 janvier 2011
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