Vendredi 7 Janvier 2011 – 10:14
Pour la deuxième soirée consécutive, des émeutes sporadiques contre la hausse des prix, de l’huile et du sucre notamment, ont secoué des quartiers d’Alger. Tandis que l’agitation sociale s’est propagée, ce jeudi 6 janvier 2011, en Petite Kabylie, à Bordj Bou Arréridj à l’Est et dans les wilayas de Tiaret et Saida à l’Ouest et à Ouargla, au Sud.
Affrontements à Oran. (Photo: AFP)
Les explications fournies, ce jeudi soir, par la télévision d’Etat sur la gestion de la crise par le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, n’ont pas eu d’impact sur la rue qui est restée sporadiquement occupée par des groupes de jeunes gens décidés à en découdre.
Les prix du sucre et de l’huile, qui ont connu une hausse moyenne de 80% et de 20 % en moins de trois mois, devraient « baisser à nouveau la semaine prochaine », a promis le ministre durant le très officiel journal télévisé de 20h. L’antenne du média public a été également ouverte à la dénonciation des dégâts matériels constatés depuis 48h. Fin de cette séquence « anticrise » vers 20h30.
Mais, durant toute la journée, les autorités n’avaient pas communiqué, laissant libre cours à toutes les rumeurs. Principale conséquence du mutisme officiel : la géographie des émeutes s’est étendue par le bouche à oreille, donnant à l’évènement un caractère quasi-national. Le trafic ferroviaire et routier vers l’ouest du pays a été très perturbé.
Géographie des émeutes
Si à Oran-ville un calme relatif s’est installé, par contre d’autres villes de l’Ouest –Saïda, Tiaret, Ain Defla – ont été à leur tour le théâtre de violentes émeutes.
A part la dénonciation du « pouvoir » et parfois de « Bouteflika », cette « protesta » indigente en slogans politiques a gagné, après Bab el Oued dans la capitale, les quartiers populaires de Belouizdad (Belcourt), El Afia, Birmourad Raïs, et Birkhadem.
A l’est d’Alger, à Bab Ezzouar, Mohammadia, au Hamiz, et Bordj El Kiffan, Dergana et Rouiba des jeunes souvent cagoulés sont sortis bruler des pneus, bloquer des routes, jeter des pierres et parfois des cocktails Molotov sur les forces anti-émeutes qui ripostaient à coups de gaz lacrymogènes.
Encore plus à l’est de la capitale, à Bouira, Tazmalt, Akbou, Ras El oued et Bordj Bou Arréridj, on a constaté des scénarios similaires. A l’ouest d’Alger, Staoueli a eu droit à sa nuit de heurts et de casse, comme auparavant à Douaouda et Fouka.
Sur le reste du territoire, Ouargla serait la seule ville du Sud, où cette agitation sociale se serait propagée.
Pas de bilan officiel
Jusqu’à ce jeudi soir, aucun bilan humain de ces émeutes n’a été officiellement établi. Toutefois, on sait qu’il y a eu de nombreux blessés et des arrestations.
Les dégâts matériels sont considérables. Les casseurs se sont attaqués aux biens publics et privés, ainsi qu’à des commissariats. Au moins deux succursales de Renault, des agences de téléphonie publiques et privées et des établissements publics divers ont été saccagés ou réduits en cendres. Le pillage a également sévi.
En dehors de la cherté de la vie, on peine à décrypter le sens de ces nouveaux évènements violents. « C’est la révolte du lumpen », « c’est une nouvelle manipulation », « c’est le résultat de l’incurie du gouvernement », « le troisième mandat de Bouteflika est de trop », « c’est la réponse à l’augmentation de salaire de 50% des policiers avec effet rétroactif à janvier 2008 », chacun y va de sa grille.
La réponse est probablement dans la synthèse de toutes ces pistes. Une certitude : le ras le bol de la société est nettement perceptible et personne ne sait sur quoi débouchera cette nouvelle vague d’émeutes.
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7 janvier 2011
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