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Emeutes : Tunis et Alger emploient la manière forte
Le bilan de la répression des émeutes en Algérie et en Tunisie contre le chômage et la vie chère s’alourdit d’heure en heure. Malgré la décision des deux gouvernements de ne pas céder à la rue, de nouvelles manifestations ont eu lieu ce week-end.
Ecrit par
Massimo PRANDI
La mobilisation contre la vie chère et le chômage ne faiblit pas en Tunisie et en Algérie, malgré l’emploi massif de moyens pour la réprimer de la part des deux gouvernements. Le bilan des morts et des blessés s’alourdit. Samedi soir, dans la région de Tiaret, à 340 kilomètres à l’ouest d’Alger, un jeune a été tué par balles dans des circonstances qui restent à clarifier, alors que des casseurs s’en prenaient au bar de son père. C’est la quatrième personne décédée depuis le 5 janvier, date du début des émeutes en Algérie contre la vie chère. Le ministère algérien de l’Intérieur a indiqué que l’on déplore aussi 800 blessés, dont quelque 760 policiers. Les forces de l’ordre ont procédé à environ un millier d’arrestations. Beaucoup de mineurs figurent parmi les incarcérés.
Suspension de taxes
Un début d’accalmie a été enregistré dimanche dans les villes et les villages où les affrontements ont été les plus violents. A Annaba, grande ville de l’Est algérien, les manifestations violentes de samedi ont cessé dans la soirée. A l’arrêt depuis jeudi, les trains ont recommencé à circuler dans le pays. Les barricades érigées vendredi et samedi en différents points du réseau routier de la capitale et de ses environs ont été enlevées. Les commerces ont rouvert progressivement. Samedi soir, au terme d’une réunion fleuve, le gouvernement a annoncé la suspension temporaire de taxes de l’ordre de 41 % dont doivent bénéficier importateurs, producteurs et distributeurs de produits de première nécessité. Prochain rendez-vous officiel, ce mercredi. Mustapha Benbada, le ministre du Commerce, rencontrera les producteurs et les intermédiaires du secteur afin que la filière répercute la baisse des taxes vers les détaillants.
La situation restait en revanche plus tendue en Tunisie. Interrogé par l’AFP, Ahmed Nejib Chebbi, le leader du Parti démocrate progressiste (PDP, opposition légale) a fait état dimanche d’au moins 20 personnes tuées par balles à Thala et Kasserine, dans le centre-ouest du pays. Le décompte des morts serait susceptible de s’alourdir en raison du grand nombre de blessés graves. Le bilan officiel déclare 14 morts. Samedi, le secrétaire général adjoint de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), Abid Brigui, a proclamé son appui aux revendications « légitimes ». Samedi ont eu lieu trois tentatives de suicide, dont une réussie. En Tunisie, le mouvement a démarré à la midécembre à Sidi Bouzid, à 265 kilomètres de la capitale, après qu’un vendeur ambulant sans permis qui s’était fait saisir sa marchandise s’était donné la mort.
Des internautes incarcérés
Préoccupé par les troubles, vendredi, Washington a convoqué l’ambassadeur tunisien, Mohamed Salah Tekaya, pour demander le respect des libertés individuelles, notamment en matière d’accès à Internet. Des internautes qui avaient exprimé sur la Toile leur soutien aux manifestations ont été incarcérés. De son côté, le président Ben Ali accuse toujours l’opposition d’instrumentaliser la révolte à des fins « malsaines ». Pour y mettre un terme, il a cependant décidé de mobiliser 116,6 millions d’euros pour l’emploi, qui s’ajouteront aux 7,8 millions d’euros pour financer des projets divers à Sidi Bouzid.
A Paris, la situation tunisienne est suivie avec la plus grande attention. Dimanche matin, peu avant 5 heures, trois personnes ont fait exploser une petite bombe artisanale devant le consulat de Tunisie à Pantin, en proche banlieue de Paris. Les dégâts sont « minimes », apprend-on de source policière.
10 janvier 2011
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