Edition du Lundi 31 Janvier 2011
L’Algérie profonde
Si,
à Tiaret, les passants arrivent mal à supporter le calvaire que leur
offre l’état des rues et ruelles, les automobilistes le sont à un plus
haut degré dans la mesure où la conduite relève du parcours du
combattant. Une dégénérescence perpétuellement mal vécue par
ces derniers qui ne savent plus à quel saint se vouer. Ce malaise
s’explique, on ne peut mieux, par la dégradation avancée des chaussées,
notamment à l’intérieur des cités, qui souffrent d’une exécrable prise
en charge et ce, en dépit des sommes colossales consommées par l’État
pour la rénovation du tissu urbain. Il s’agit d’une incompatibilité qui
trouve communément pour cause des travaux entrepris pour la mise en
place ou la réfection des différents réseaux, à savoir des adductions au
réseau d’alimentation en eau potable, de gaz naturel ou de
l’assainissement, qui ne sont jamais suivis pas des tâches de remise en
état des lieux. C’est pour cela que les crevasses, nids-de-poule et
autres fossés irréguliers qui caractérisent la plupart des quartiers
sont perçus avec inquiétude par la population. Néanmoins, ces calamité
existent à travers la plupart des quartiers où les riverains ne trouvent
que leur patience pour sillonner ces ruelles quel que soit le temps.
Mais le pire se remarque en temps hivernal quand on sait qu’à la moindre
goutte de pluie, c’est la gadoue qui s’annonce. Cependant, en de
pareils moments, prendre un taxi vers une de ces cités, notamment
Terrain Boumédiène, Sonatiba, Teffah, Zaâroura ou Lombard, pour ne citer
que celles là, relève presque de l’impossible puisque les chauffeurs de
taxis refusent d’y aller. “Je suis conscient qu’il est anormal de
refuser un client mais dans bien des cas, je ne peux accepter de mettre
en caution mon véhicule, seule ressource pour ma famille, pour une
course de 50 dinars”, expliquera un taxi. Pour les usagers, ils n’ont
jamais cessé, mais vainement, de se lamenter auprès des services
compétents. Ces derniers, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, ne
trouvent, comme ultime recours, que de s’armer de patience, une
persévérance qui ferait blêmir un bonze. “Depuis des années, les travaux
ne finissent jamais à travers ces chaussées où se succèdent des
opérations appelées toujours à être refaites en l’espace de quelques
mois… comme si nos décideurs sont en quête d’un trésor pour creuser à
longueur de l’année”, martèlera un citoyen. “Les élus sont pour beaucoup
dans cette déchéance, et cela ne les empêchera pas de se faire réélire,
de creuser plus de nids-de-poules et même d’en aligner sur les
trottoirs”, ironisera un autre qui se dit scandalisé par une telle
conduite.
31 janvier 2011
R. SALEM, Tiaret