« Le réseau des Registres du cancer de l’Ouest algérien, établi après quatorze années d’enregistrement (1996/2009), fait ressortir un nombre inquiétant de cas de cancer de l’estomac à Tiaret», a révélé la semaine dernière le professeur Mokhtari, doyen de la faculté de médecine d’Oran, lors d’une conférence scientifique qu’il a animée au siège de l’ODEJ à Tiaret. En effet, selon les données fournies par le Pr. Mokhtari, «sur dix-sept wilayas membres du réseau des Registres du cancer de l’Ouest représentant une population dépassant les onze millions d’âmes, les cas de cancer gastrique sont en constante augmentation dans toute la région de Tiaret».
Sur quarante mille nouveaux cas de cancer enregistrés chaque année en Algérie, Tiaret et Tlemcen restent en tête en terme de prévalence de la maladie, «d’où la nécessité de la mise en place urgente d’un programme national de lutte contre le cancer à un niveau politique et décisionnel plus élevé», a encore indiqué le doyen de la faculté de médecine d’Oran. La répartition par sexe et par âge fait ressortir, selon l’enquête épidémiologique menée depuis quatorze ans sous la direction du Pr. Mokhtari au niveau de dix-sept wilayas du pays, une incidence beaucoup plus importante des cas de cancer du poumon, de l’estomac, de la vessie et des voies biliaires chez l’homme alors que les cas du cancer du sein sont les plus communs chez la femme, les leucémies et les tumeurs cérébrales demeurant les cas de cancer les plus fréquents chez l’enfant.
Régulièrement suivis depuis 1996 sous l’égide de l’unité Information sanitaire et biostatistique relevant du service d’épidémiologie et de médecine préventive d’Oran, les résultats édifiants des Registres du cancer de l’Ouest algérien tirent la sonnette d’alarme sur la nécessité de mener une enquête scientifique pointue pour déterminer les raisons réelles à l’origine de l’augmentation «inexpliquée» des cas de cancer de l’estomac à Tiaret, «une pathologie des plus lourdes qui connaît également une poussée inquiétante au niveau de la région de Tlemcen», a encore expliqué le doyen de la faculté de médecine d’Oran.
Près de 40.000 cas de cancer sont enregistrés chaque année en Algérie selon l’Institut national de santé publique (INSP). A l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de lutte contre le cancer coïncidant avec le 4 février de chaque année, le Pr. Doudja Hammouda, chercheur en oncologie, a indiqué que 20.800 nouveaux cas de cancer ont été enregistrés en 2009 chez les femmes contre 18.600 cas chez les hommes. Lors de la célébration de cette journée, le Pr. Doudja a fait état de la forte prévalence de la maladie durant les dernières années, passant de 80 cas pour 100.000 habitants en 1993 à 120 cas en 2007, avec un taux d’atteinte «plus important» chez la femme.
Les cancers du poumon, de la vessie, de l’appareil digestif, du côlon, du rectum et de la prostate demeurent les maladies les plus fréquentes chez l’homme alors que les femmes sont plus sujettes aux cancers du côlon et du rectum avec un taux d’atteinte global de 68 pour cent, a-t-elle ajouté. Cette dernière a, enfin, imputé ce taux de prévalence important de la pathologie durant les dernières années au changement du mode de vie social, la vieillesse de la population et l’inadéquation du système sanitaire avec ces nouveaux changements.
8 février 2011
El -HOUARI Dilmi, SANTE