18-03-2011Point net
La grève en question
Les fonctionnaires des prisons d’une grande partie du territoire sont en grève depuis mercredi dernier. Première conséquence de ce débrayage, les détenus des établissements pénitentiaires de Ghardaïa, Ouargla, Oued Souf, Ain Beida et Tiaret ont ainsi été privés de la visite de leurs familles.
S’il est vrai que la grève, comme les autres formes de contestation s’accompagnent forcément de leur lot de désagréments, il est tout aussi vrai que ce n’est pas aux grévistes de renoncer à des demandes socio professionnelles souvent légitimes, sous prétexte que leur impact serait impopulaire.
Les grèves » populaires « , il y en a d’ailleurs très peu, même s’il est toujours embarrassant d’exprimer son courroux face à des gens qui luttent pour leurs droits. Le débrayage des fonctionnaires de prison n’est qu’un détail d’une actualité sociale qui ne manque pas de bouillonnement.
Mais parce qu’il sort du lot en raison de son caractère quelque peu inédit, il introduit un peu mieux le sujet et ce qui ne gâte rien, personne ne reprochera à personne son manque de solidarité avec une corporation qui n’est déjà pas un exemple de… popularité. Les gardiens de prison comme leurs autres collègues sont sûrement de braves travailleurs qui ne doivent pas manquer de raisons d’être en colère, mais les mauvaises réputations ont la peau dure.
Comme les vieilles habitudes. Parler aujourd’hui d’une grève, discuter de sa pertinence, douter de son efficacité, évaluer ses coûts ou redouter ses retombées reste un tabou. Ailleurs, l’exaspération de voyageurs bloqués des journées entières dans les gares ou les aéroports en raison d’une grève dans les transports s’exprime sans gants et parfois avec véhémence.
Des personnels non grévistes ne se laissent plus faire et revendiquent bruyamment leur » droit au travail « , y compris dans des situations où ils sont minoritaires. Des patrons » travaillent » ouvertement à l’émergence de syndicats forts qui permettent la négociation et réduisent au minimum le recours aux arrêts de travail. Les japonais expriment leur mécontentement en se mettant debout pendant quelques secondes devant leur machine ou en… travaillant quelques minutes de plus !
La grève, si elle reste un moyen de pression sur l’employeur pour améliorer les conditions de vie et de travail de ses employés, se discute de plus en plus. Celle de certaines catégories professionnelles comme les médecins, les transporteurs ou les enseignants un peu plus, celles des gardiens de prisons un peu moins, amis elles se discutent. Avec des droits acquis, la rigueur et la justesse de la loi et des libertés syndicales, il y ‘en aurait peut-être un peu moins, mais on est déjà dans une autre histoire.
18 mars 2011
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