Cela fait bientôt un an que Noureddine Cherouati a pris la tête de Sonatrach. Une année agitée pour la compagnie nationale des hydrocarbures. Une année pendant laquelle le PDG de la plus importante société d’Afrique a imposé sa marque, à l’opposé de celle de ses prédécesseurs. Sa principale mission : rendre sa crédibilité à un management décimé par les scandales de corruption et « amener Sonatrach au niveau de ses concurrents internationaux et assurer à l’Algérie des réserves qui lui permettront d’assurer son développement futur », comme il l’affirme lui‑même à des proches.
Sa nomination a d’ailleurs obéi à cette nécessité. Trouver un homme consensuel, accepté de l’intérieur et reconnu à l’extérieur. Dans l’entreprise, le pari semble gagné, on salue ce pur produit de l’école algérienne et du secteur national des hydrocarbures. Né en 1948 à Fouka dans la wilaya de Tipaza, il est diplômé de l’École polytechnique d’Alger, pépinière des meilleurs ingénieurs du pays.
Noureddine Cherouati est entré à Sonatrach en 1971 au moment de la nationalisation des activités pétrolières. Il débute dans l’activité aval, à la transformation et au transport. Puis en 1980, il rejoint le ministère de l’Énergie comme directeur central avant d’être nommé chef de cabinet du ministre de l’Industrie en 1991. Une parenthèse qui s’achève en 1995, date à laquelle Noureddine Cherouati rejoint Sonatrach comme conseiller à la direction générale. Un an plus tard, il prend la présidence de Naftal. En 2000, lorsque Chakib Khellil est nommé ministre de l’Énergie, Cherouati devient son secrétaire général, puis gère plusieurs filiales de Sonatrach avant d’être nommé en 2005 président de l’Autorité de régulation des hydrocarbures, nouvellement créée par le président de la République.
Une connaissance des activités du groupe
Ce parcours au plus près des activités du groupe et sa connaissance de la compagnie l’ont aidé à s’imposer rapidement comme PDG et aussi à se doter autour de lui d’un management dévoué et de confiance. Résultat : Noureddine Cherouati a pu gérer efficacement la grève des travailleurs qui a touché les sites de production de Sonatrach dans le Sud ces dernières semaines.
Si dans un premier temps les syndicats reprochent au PDG de communiquer par fax avec eux, très rapidement, ce dernier rectifie son erreur, va sur le terrain et demande à discuter avec tous les représentants des salariés et pas seulement l’UGTA. Certes, il a dû consentir à satisfaire leurs revendications salariales mais il a permis une reprise rapide du travail. Sans faire d’esbroufe dans les médias car l’homme est « discret », comme le dit un spécialiste du secteur pétrolier. Une discrétion assumée, qui tranche avec la précédente équipe dirigeante. Noureddine Cherouati s’exprime très rarement dans la presse, pour ne pas dire jamais, et évite les rencontres internationales où sa présence n’est absolument par nécessaire.
Mais le principal chantier du nouveau PDG de Sonatrach aura sans nul doute été celui de la lutte contre la corruption. Après le scandale de corruption qui a éclaté fin 2009, l’image de la compagnie en a pris un sacré coup. Il devenait urgent de réformer son fonctionnement. Noureddine Cherouati a entrepris le grand ménage, notamment en mettant en place des outils de contrôle de l’activité, comme un fichier interne de commissaires aux comptes et une préqualification de cabinets d’audits pour renforcer son contrôle externe. Cela ne suffira pas bien sûr, mais c’est un premier pas.
Noureddine Cherouati a également séduit les acteurs mondiaux du secteur des hydrocarbures, où le scandale Sonatrach, s’il n’a pas surpris, a légitimement soulevé des inquiétudes. Contrats retardés, crainte de nouvelles affaires de corruption, Cherouati a géré la crise sans trop de casse. Après une période de flou, la nouvelle équipe a assuré la continuité de l’activité. Et les résultats de l’année 2010 ont été moins mauvais que ce à quoi on aurait pu s’attendre. Le gazoduc Medgaz entre l’Algérie et l’Espagne est enfin opérationnel. Malgré la crise, la production d’hydrocarbures n’a que légèrement diminué, passant de 222,5 à 214 millions de tonnes équivalent pétrole et les investissements de la compagnie ont crû de 7 % en 2010. « Je l’ai connu du temps où il était à la tête de l’autorité de régulation. C’est un grand travailleur », dit ainsi de Noureddine Cherouati un analyste du secteur pétrolier.
Une image positive auprès des étrangers
Il a également réussi à débloquer des situations délicates, comme lorsque BP a souhaité se débarrasser de ses actifs en Algérie pour trouver des fonds après la catastrophe dans le Golfe du Mexique. L’État algérien voulait exercer son droit de préemption. Mais pour le PDG de Sonatrach, c’est une mauvaise idée. Le groupe britannique est le premier investisseur étranger en Algérie et son départ aurait constitué un mauvais signal alors que le secteur algérien des hydrocarbures connait un désengagement des investisseurs étrangers depuis la crise mondiale et la mise en place de la taxe sur les superprofits pétroliers. Alors, en coulisses, Noureddine Cherouati met tout en œuvre pour convaincre BP de rester en Algérie, mettant en avant au passage les gisements de gaz de schiste dont dispose le pays. Opération gagnante, puisque BP renonce finalement à vendre ses actifs.
Noureddine Cherouati confirme son image positive auprès de ses partenaires étrangers. Avec lui, les négociations sur les prix du gaz sont devenus « beaucoup plus rationnelles » qu’avec le management précédent, se félicitait par exemple récemment Salvador Gabarro, PDG de la compagnie espagnole GasNatural.
Seule ombre au tableau, l’incapacité jusqu’à présent du nouveau PDG de Sonatrach à renverser la balance en matière de production de GNL et de gasoil. Les usines d’Arzew et Skikda continuent d’accumuler des retards dans leur mise en service. Même chose pour le raffinage. A Tiaret par exemple, le projet de raffinerie a été reporté pour la quatrième fois et aucune date n’a été avancée pour son lancement ou son remplacement par un autre projet. L’Algérie est toujours obligée d’importer du gasoil pour satisfaire la demande. Sur ces deux domaines, Noureddine Cherouati a encore du travail pour faire bouger la vieille maison Sonatrach.
Yazid Slimani
22 octobre 2014 à 0 12 52 105210
Noureddine Cherouati : la discrète efficacité du PDG de Sonatrach | Sersou info
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