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ALI MAÂCHI, L’HYMNE ASSASSINÉ DE AMAR BELKHODJA Ô gens, quel est mon amour le plus exaltant?

11 mai 2011

Culture

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Ô gens, quel est mon amour le plus exaltant?
Kaddour M’HAMSADJI  - Mercredi 11 Mai 2011 – Page : 21

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Quand la chanson était vouée à la patrie souffrante, la révolte de l’artiste donnait du sens à son martyre.

En cette première huitaine de mai, l’Histoire réveille notre mémoire: il y a soixante-six ans, il y a plus d’un demi-siècle, éclatait l’impérieux défi du 8 mai 1945. Si l’on ne croit plus à rien, ni aux promesses et aux lois truquées de l’administration coloniale, ni plus jamais à la parole de

l’autorité française en Algérie que l’on sait changeante et sauvage, le peuple finit par se dresser et affirmer toutes ses valeurs trop longtemps ignorées, trop longtemps bafouées. La vertu populaire se meut alors, à la fois, de sa seule passion et de sa seule logique et développe chez l’artiste algérien une force d’amour patriotique autant naturelle qu’inouïe. Amar Belkhodja, ancien journaliste et chercheur perspicace en histoire, le montre de façon émouvante dans son livre Ali Maâchi, l’hymne assassiné (*).
On sait l’ardeur nationaliste des jeunes et des anciens qui ont spontanément bravé, les mains nues, le front fier et la poitrine gonflée d’audace, la cruauté de la répression policière et militaire de la France colonialiste dans les régions de tout le pays et, si l’on peut dire, plus tragiquement dans l’Est algérien: à Sétif, à Guelma, à Kharrata,… Dans le journal Le Monde du 10.03.2005, revenant, soixante ans après, sur «les massacres d’Algériens», on a pu lire, sous la plume de Florence Beaugé: «Le massacre de Sétif reste l’une des pages les plus noires de l’histoire commune entre les deux pays. Le 8 mai 1945, la France célèbre l’armistice marquant la capitulation de l’Allemagne nazie. De l’autre côté de la Méditerranée, on s’apprête également à fêter la victoire, d’autant que nombre d’Algériens ont donné leur vie pour la libération de la France. [...] La répression sera d’une brutalité extrême, disproportionnée mais sans doute à la mesure de la hantise du gouvernement général et des Européens d’Algérie d’assister au prélude d’un soulèvement général. Avec l’assentiment de Paris et l’assistance de groupes d’autodéfense de colons, l’armée mène la contre-attaque. La marine tire à partir de la côte tandis que l’aviation bombarde et mitraille les villages. De nombreuses exécutions sommaires se produisent, en particulier dans la ville de Guelma. [...] Le bilan de ce déchaînement de folie sanglante? Entre 10.000 et 45.000 morts, selon les sources. Cette tragédie va constituer le socle du nationalisme algérien. L’écrivain Kateb Yacine, jeune témoin de cette «horrible boucherie», dira que le massacre de Sétif a donné naissance à son nationalisme. De nombreux historiens situent le déclenchement de la guerre d’indépendance algérienne non pas au 1er novembre 1954, comme on le lit dans les livres d’histoire, mais au 8 mai 1945.» L’Appel du 1er Novembre 1954 a touché tout le peuple algérien. La réalité du moment, qui était l’engagement nationaliste dans les rangs du F.L.N-.A.L.N, est prise en considération majeure par les forces vives de la nation algérienne. La révolte, chez les artistes algériens, est née justement du spectacle permanent de la déraison coloniale et – en général, comme, au reste, le rappelle la Fondation du 8 mai 1945 (importante association algérienne spécialisée sur l’étude du colonialisme – de l’implication de la France officielle «dans les actes monstrueux et inhumains commis en son nom de 1830 à 1962.» La prise de conscience de l’artiste Ali Maâchi, poète populaire, révélation et en vogue dans les années 1950, est un exemple significatif du sentiment des jeunes algériens de cette époque, ainsi que Amar Belkhodja essaie de l’expliquer dans le chapitre intitulé «Brève histoire du mouvement culturel à Tiaret».
Dans les chapitres suivants de l’ouvrage en question, nous apprenons qui est Ali Maâchi, né le 27 août 1927 à Tiaret: son milieu familial, la vie quotidienne de la paysannerie et des villageois, ses études primaires, son éveil aux mouvements nationalistes, son combat contre l’ignorance et la pauvreté de l’esprit, «la misère la plus effroyable» dans les masses rurales «devenues la proie de l’obscurantisme entretenu honteusement par la féodalité maraboutique,…» Son père Kaddour joue un rôle primordial dans son initiation à tous les domaines de la vie active. Néanmoins, de nombreuses situations d’ordre familial et social contrarient l’évolution normale du jeune homme. Un drame bouleverse bientôt la vie sereine d’Ali Maâchi. Une vie conjugale éphémère, brise un élan d’amour impossible. La recherche d’un sentiment fort, dans un microcosme inquiet, lui fait ouvrir son coeur meurtri, et naît alors la qacîda. «La mobilisation de la jeunesse tiartie gagne chaque jour des consciences et de nouveaux esprits.» La naissance fulgurante de l’orchestre «Safir Ettarab», le militantisme fougueux en action et le refus de culpabiliser la femme algérienne ouverte à la science et au modernisme allaient consacrer l’ardeur nationaliste des jeunes et tout particulièrement, parmi eux, Ali Maâchi qui incline à fonder un orchestre qui «matérialise ses désirs et ses rêves». L’année 1953 est, à cet égard, une sorte d’année préparatoire aux grandes activités nationalistes qui seront au service de la lutte de libération nationale.
Dans le chapitre trois de son ouvrage, Amar Belkhodja s’attache à détailler l’esprit prolifique d’Ali Maâchi: «De la musique avant toute chose!» et complètement dans l’esprit de Novembre 1954. La musique, le chant constitueront des moyens exceptionnels pour magnifier le combat sacré pour la liberté et l’indépendance de l’Algérie. L’ouvrage répertorie ensuite des «Témoignages sur Ali Maâchi», évoque «L’après-Maâchi», donne un aperçu sur la poésie populaire, «ce riche parent pauvre» d’une région où la mémoire humaine a assez de talent pour décrire l’homme et la nature, la raison et le coeur. Avant de fermer l’ouvrage, un florilège du répertoire d’Ali Maâchi illumine l’esprit et des photos pertinentes de l’environnement du poète martyr de la Révolution de Novembre troublent l’âme sensible au sacrifice des héros de la guerre d’Algérie. Ali Maâchi, poète combattant, a été arrêté par les forces coloniales. Ceux qui l’ont connu témoignent: «Il a été assassiné le 8 juin 1958, avec deux autres camarades à l’entrée des pins non loin de son quartier selon la méthode «corvée de bois». Ses bourreaux utilisèrent des allonges «des crochets de boucherie» pour le suspendre par les pieds à un platane de la place Carnot actuellement place des Martyrs.» Dans la région, et même partout dans le pays, on entend encore le son de son luth et sa voix «bercer merveilleusement les âmes et les coeurs».

(*) Ali Maâchi, l’hymne assassiné de Amar Belkhodja, Éditions Alpha, Alger, 2009, 220 pages.

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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