le 13.06.11 | 01h00
Sur la dizaine de salles, seule une est autorisée.
Certains exploitants déboursent rubis sur ongle jusqu’à 14 millions pour… six heures de présence alors qu’auparavant les prix oscillaient entre 20.000 et 30.000 dinars tout au long de la durée du mariage.
Tiaret, deuxième grande métropole après Oran à l’ouest et chef-lieu d’une wilaya qui frôle les 900.000 habitants ne dispose actuellement que d’une seule salle des fêtes après les décisions de fermeture qui ont concernées les salles des fêtes (une dizaine) puis, tout dernièrement, d’un hôtel. Motif invoqué à l’appui de ces décisions (inopportunes ?) «Le non-respect des clauses du cahier des charges». Un cahier des charges des plus contraignants avec 29 articles auxquels certains exploitants se seraient conformés. M. Mohamed Bousmaha, wali de Tiaret, nous l’a même confirmé en marge d’une de ses dernières sorties. Une non-conformité avec la loi d’établissements régis par le même décret gérant les salles de spectacle (théâtre, cinéma, discothèque, cabaret, cirque, boîte de nuit).
Les exploitants dénoncent avec vigueur cet état de fait. Certains trouvent la fermeture de leur salle abusive car non motivée selon la lettre et l’esprit du décret 05-207 du 4 juin 2005 et, subsidiairement, de l’arrêté de wilaya du 29 octobre 2005 relative aux modalités d’exploitation des salles de spectacles et de loisirs, quand bien même elles ne posaient aucun problème ni d’ordre organisationnel et encore moins lié à la sécurité comme le corroborent les satisfecit affichés par différents services étatiques avant, pendant et après la mise en exploitation.
Sur la dizaine de salles, seule une est autorisée. D’une manière légale ? Nul ne le sait bien que certains assurent sous le sceau de l’anonymat qu’aucun permis n’aurait été délivré pour l’érection de cette propriété dont l’assiette foncière relève du domaine de l’Etat. Le propos n’est pas là tant les fêtes et mariages ont fait apparaître un grand problème aux familles. Situation de monopole exige, certains déboursent rubis sur ongle jusqu’à 14 millions pour… six heures de présence alors qu’auparavant les prix oscillaient entre 20.000 et 30.000 dinars tout au long de la durée du mariage. «L’article 4 classe paradoxalement les salles des fêtes, l’activité féminine, familiale et honorable avec des activités tels que les cabarets, les boîtes de nuit et les discothèques», soutient un exploitant dépité.
Retour au «guitoun»
«Il y a également l’article 6 qui interdit à une jeune fille de moins de 25 ans d’être employée pour servir dans ce milieu féminin et familial». C’est contraire à l’article 40 du Code civil et du Code du travail permettant le travail à partir de 18 ans.
Le même décret interdit également à un gérant âgé de moins de 30 ans de gérer une salle des fêtes. «C’est une infraction à l’article 40 du Code civil», atteste-t-il. «Dans l’article 8 de ce décret, un agrément de 2 ans est accordé au gérant de la salle, ce qui va à l’encontre du Code des impôts qui accorde, pour tout investisseur, 20 ans d’amortissement de son investissement». La saisine de la justice (tribunal administratif) pour obtenir l’annulation de l’arrêté wilaya devient une impérieuse nécessité. Même la «pollution sonore» dont se plaignaient certains riverains tombe à l’eau dès lors que «les services habilités mesurent les décibels dégagés d’un tel ou tel endroit».
Nous épargnons à nos lecteurs certains détails induits par ce cahier des charges dès lors que le fond du problème reste l’absence de lieux, en nombre suffisants, pour les célébrations. Retourner au «guitoun», entendre ces chapiteaux de fortune dressés à l’aide de bâches à même la route, ou se ruiner au niveau du seul établissement fonctionnel au prix déjà annoncé. Certains ont trouvé l’astuce qui consiste à «se barricader» dans des restaurants et autres boîtes, l’espace d’un rite, alors que beaucoup de citoyens continuent de se plaindre de cette approche qui ne prend nullement en compte les aspirations légitimes. En 2010, plus de 2000 mariages avaient été célébrés si l’on se fie aux statistiques peu fiables du reste de l’ONS.
La question reste tout de même posée pour ceux et celles ayant souscrit aux clauses du cahier des charges et qui se voient sans autre forme de procès signifier la fermeture alors que l’investissement a été consenti pour n’indisposer personne. Même pas les riverains aux plans de la sonorité de par le double vitrage. L’été 2011 encore capricieux risque d’être chaud. Au figuré s’entend !
Fawzi Amellal
© El Watan
13 juin 2011
Fawzi Amellal.