L’ouverture des assises nationales de la société civile, mardi 14 juin à Alger, a été marquée par l’absence de grandes associations et de puissants syndicats qui mènent actuellement le combat sur le terrain. Alors que certains ont décliné l’invitation du Conseil national économique et social (CNES) qui préside à ces assises, d’autres n’y ont même pas été conviés, à l’instar du Syndicat national autonome du personnel de l’administration publique (Snapap). Les noms de ses responsables ne figuraient pas sur la longue liste des 1100 participants aux assises, entamées mardi au Palais des Nations et devant s’achever le 16 juin.
« Il (le pouvoir, ndlr) a paralysé les syndicats en usant du clonage. Il a créé ses propres associations depuis 1992, une espèce de société civile parallèle qu’il invite quand il en a besoin », explique Rachid Maalaoui, premier responsable du Snapap. Les mêmes organisations et syndicats, fait‑il remarquer, ont été invités à la commission consultative sur les réformes politiques et par le CNES pour les états généraux de la société civile. « Ce n’est pas pour l’opinion nationale qu’il organise ce genre de rencontre folklorique mais pour l’opinion internationale. Pour dire qu’il est en train de s’organiser », précise M. Maalaoui.
Selon lui, la société civile pourrait très bien s’organiser sans l’intervention des autorités. « C’est pour cela qu’on refuse de faire dans le folklore. Même si le Snapap avait été invité, on aurait décliné », assure‑t‑il. « On l’a dit à plusieurs reprises, le problème, c’est d’appliquer les textes de lois et non de les changer », souligne‑t‑il. La société civile est à Ouargla en train de manifester, rappelle Rachid Maaloui, à Tiaret et à Médéa.
Le secrétaire général de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), Khelil Moumène, ne comprend pas sur quels critères ont été invités les participants. « On a travaillé sur un certain fichier d’associations », estime‑t‑il. Abstraction faite de quelques syndicats, à l’image du Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Cnapest) et de certains collectifs à l’instar du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra), ils sont nombreux à être de parfaits inconnus. La veille, quelques associations, dont le Rassemblement action jeunesse (Raj), avaient annoncé leur refus de participer à ce qu’elles considèrent comme une manière de gagner du temps et de tromper la société.
Que ce soit pour une tripartite ou des assises nationales, le pouvoir opte toujours pour la même démarche, selon les syndicalistes interrogés : l’exclusion des nouvelles forces sociales. Pourtant, aucun consensus ne pourrait voir le jour, en l’absence de ces partenaires, devenus aujourd’hui indispensables.
14 juin 2011
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