Depuis quelques années, de nombreux ménages algériens ont commencé à se vêtir chez le fripier. La cherté de la vie pousse beaucoup de personnes, à acheter leurs habits dans ces boutiques de vêtements usagés, comme on disait autrefois.
Mais aujourd’hui, de plus en plus d’Algériens voient en ces boutiques, un moyen pour s’habiller chic et moins cher, en ignorant évidemment que ces habits, en provenance de certains pays européens, peuvent être des vecteurs de maladies…
A cet effet, ces boutiques de chiffonniers refont surface chez nous. Des dizaines de boutiques activent régulièrement et légalement, au niveau des centres urbains, sans compter les marchands ambulants, qui se pourvoient dans les marchés hebdomadaires, et ceux qui alimentent le marché au niveau national.
Partout, force est de constater qu’en 2011, cette activité commerciale a repris de plus belle, après une accalmie en 2010. Dans les grandes villes comme dans les villages, ou sur les places publiques, ce genre d’étals est pris d’assaut. Interrogé à ce sujet, Abbès, un fripier connu nous affirme : « A part les grandes occasions comme l’Aïd, les gens viennent chez nous pour acheter leurs habits, en toutes saisons… et d’ajouter : Avant, notre clientèle était plutôt pauvre ou appartenait à la classe moyenne.
Aujourd’hui, toutes les classes sociales viennent faire des achats. On reçoit même des familles dans notre boutique… » Effectivement, ce jour-là, sa boutique était pleine de personnes des deux sexes, appartenant surtout à la corporation des fonctionnaires. Ces clients étaient plongés dans de gros tas de vêtements d’été, pour enfants et pour femmes. « Acheter un tee-shirt en bon état et de bonne qualité à 400 DA dans une friperie, est bien mieux que de l’acheter dans un magasin de «luxe» à deux mille dinars, si ce n’est plus », nous confie une jeune fille. Seulement, pour nombreux d’entre eux :
« Le fait de fréquenter ces boutiques est mal vu. Cependant, actuellement, avec la cherté de la vie, les familles s’y rendent de plus en plus. A l’intérieur de la boutique, nous avons remarqué, que la marchandise de ce dernier se vend comme des petits pains.
Les clients rentrent et sortent sans arrêt, sans être gênés. Ils choisissent leurs vêtements, les essayent avant de les acheter, les payent ou demandent au fripier de les mettre sur leurs comptes ouverts, comme chez l’épicier, le boucher et même… le pharmacien. Cependant, le danger caché et souvent ignoré par cette clientèle, réside dans l’hygiène de ces vêtements, lesquels véhiculent parfois de graves maladies cutanées. Selon les informations recueillies, auprès de certains vendeurs, la marchandise provient de pays européens, comme l’Espagne, l’Italie, la France sous forme de « ballots ». Elle transite par un pays maghrébin voisin, pour être acheminée vers les grossistes, qui se chargeront de sa distribution aux fripiers. Certains revendeurs et autres clients affirment, que ces ballots ont été contrôlés par des services spéciaux chargés de la santé. D’autres avancent, qu’il faudrait simplement laver ces habits avant de les mettre… Mais le danger est pourtant bien là. Et seul le temps nous le dira peut-être. Enfin, et si le marché de la friperie venait à être interdit, où s’habillerait le pauvre ?
S. Moumen
23 juin 2011
S.Moumen