Par Kamel Amghar
Même si la discipline reste très peu développée en Algérie, la petite reine compte cependant beaucoup d’amateurs dans le pays. En dépit du peu de communication fait autour de l’événement, le public était au rendez-vous à toutes les étapes pour encourager les participants à cette manifestation internationale. Alger, Aïn Defla, Chlef, Tiaret, Tissemsilt, Khemis Miliana,
Chréa et Blida étaient autant d’heureuses escales pour les 55 concourants qui ont parcouru, en tout, plus 624 km. Pas moins de 13 équipes dont 6 locales et 7 étrangères (Allemagne, Roumanie, Hongrie, Suède, Qatar et Maroc) ont participé à ce tournoi. Le trophée est finalement revenu à l’Algérien Azzedine Laâgab du GS Pétroliers (MCA), secondé par le Marocain Djelloul Adil et l’Erythréen Berhane Natnael. Le prix du meilleur sprinteur a été remporté par l’Algérien Youcef Reguigui, celui du meilleur grimpeur est revenu au Marocain Tarik Chaoufi, alors que Berhane Natnael s’est adjugé le titre de meilleur espoir. Durant les cinq jours de compétition (27 juin-2 juillet), les populations des régions traversées ont montré un grand engouement pour cette course à vélo. Partout, des groupes de supporters et de fans ont accueilli les coureurs avec des vivats enthousiastes. Si nos traditions cyclistes se sont quelque peu estompées faute de prise en charge, le pays profond regorge de pratiquants amateurs qui trouvent dans le VTT un moyen de loisir et de remise en forme. Dans les zones rurales comme en ville, on rencontre des inconditionnels de la «pédale» qui s’emploient à «chasser le stress» sur des pistes qui ne se prêtent pas nécessairement à l’exercice. En autodidactes, ils s’efforcent à l’apprentissage des rudiments d’un sport qui, par ailleurs, se fait dans des écoles modernes où toutes les conditions sont réunies. Le problème de la formation constitue, selon les responsables du secteur sportif, un écueil majeur au développement du cyclisme en Algérie. «Nos instituts spécialisés ne forment pas beaucoup de techniciens dans cette discipline. Aujourd’hui, même les clubs qui seraient intéressés auront du mal à trouver des formateurs compétents», avoue un responsable de la DJS de Béjaïa, en soulignant que l’initiation au cyclisme aborde les aspects physique et technique du vélo. «En plus d’une préparation physique de haut niveau, le cycliste doit également maîtriser la technique et développer une stratégie de course pour bien gérer ses efforts sur un parcours donné», ajoute-t-il. Djamel, un mordu de la discipline, précise quant à lui que le cyclisme moderne compte aussi beaucoup de spécialités avec des méthodes de formation spécifiques à chacune d’elles. «Le cyclisme sur route, sur piste, le cyclo-cross, le cross-country, la descente, le dual, le trial ou le cyclisme artistique ont des techniques différentes et demandent des formations spécifiques», dira-t-il, en mentionnant que la discipline exige un bagage sportif complet. Pour une meilleure formation, l’athlète cycliste touche également à d’autres «activités» comme la natation, les sports collectifs, le footing, la course à pied ou le ski. Tout cela constitue un complément indispensable qui permet au cycliste professionnel d’améliorer ses propres performances physiques et d’affiner en permanence sa technique. Les amateurs de Béjaïa ou ceux de Jijel ne peuvent, dans les conditions qui sont les leurs, prétendre au professionnalisme. Leur pratique du vélo ressemble plutôt à un hobby. Un passe-temps, sans plus. La pérennisation du Tour d’Algérie est toutefois de nature à stimuler le mouvement sportif pour créer des associations et des clubs spécialisés. De telles structures sont indispensables pour la formation et l’encadrement des amateurs. La Fédération algérienne de cyclisme et les ligues existantes doivent réfléchir sérieusement à capitaliser l’élan suscité par cette manifestation internationale pour essaimer un peu partout. On doit surtout œuvrer à la structuration de la discipline et à la création de clubs pour aider les jeunes talents à s’affermir. On doit, d’ores et déjà, penser à faire mieux en 2012.
K. A.
Autour du Tour d’Algérie
Flécheur : L’homme indispensable du Tour d’Algérie 2011 est sans doute ammi Arezki Yermali (78 ans), qui trace le parcours de l’étape tôt le matin avant le départ des coureurs. Une flèche tout droit, deux pour un changement de direction, et bien sûr les flèches qui désignent les points chauds (sprint et col). «Mon travail devient de plus en plus difficile par les conditions climatiques défavorables au cyclisme», dit ammi Arezki, flécheur et ancien coureur dans les années 50.
Mémoire du tour : Le coureur emblématique des années 40 et 50, Ahmed Kebaïli, est l’invité d‘honneur de ce Tour d’Algérie. L’homme qui a couru cinq Tours de France et trois Tours de Suisse a suivi de très près les étapes du tour, avec un engouement sans précédent pour le cyclisme.
Crainte : Les coureurs du Tour d’Algérie ont entamé la cinquième et dernière étape avec une grande prudence. La montée de Chréa (3e catégorie) a fait apparemment beaucoup peur aux coureurs, notamment les Néerlandais et les Français.
Interprète : Le comité d’organisation du Tour d’Algérie a mis à la disposition des équipes de l’Erythrée et des Pays-Bas un interprète, qui commente en direct tout ce qui se passe pendant l’étape, et il fait aussi office de traducteur pour la presse qui couvre l’évènement.
Prévenir : La commission médicale du Tour d’Algérie a beaucoup insisté ces trois derniers jours sur l’importance de prévenir les risques de lésions. «Pour éviter des pressions sur les côtés, il faudrait avoir des selles plus larges, un vélo plus souple, et surtout prendre soin de son cuissard», selon un médecin de la commission.
Aérodynamisme : Pour remporter une étape de montagne, il faut savoir grimper, mais aussi descendre vite. Le kilométrage du Tour d’Algérie a affiché lors de l’étape Chlef-Tiaret une vitesse de 110 km/heure dans la descente de Boukaïd. L’aérodynamisme, qui prend en considération le coefficient de pénétration plus rapide de l’air, joue un rôle primordial dans la descente.
Cuisine : Sachant ce qui les attend lors de l’étape de jeudi (Tiaret-El Khemis), les coureurs du Tour ont mangé des pâtes au dîner. Dans une étape de montagne, un coureur peut dépenser jusqu’à 8 000 kilocalories. «L’élément le plus important est l’assiette de pâtes», dit le directeur sportif de Didelot Sport (France).
Massage : Après trois jours de course, la récupération revêt une importance capitale pour les coureurs du Tour d’Algérie. Le massage se fait généralement juste après l’arrivée pour permettre au coureur de fair sa sieste.
Chaleur : Il a fait chaud mercredi lors de l’étape Chlef-Tiaret, et les coureurs ont beaucoup bu de l’eau seule ou accompagnée de sirop. Selon les spécialistes du vélo, le sirop permet d’apporter quelques sucres rapides importants pour l’athlète.
3 juillet 2011
sport