ABANDON DU PROJET DE RAFFINERIE DE TIARET
La colère des fellahs de Sidi El Abed
Les informations faisant état de l’abandon par la Sonatrach du projet de la raffinerie de Sougueur, dans la wilaya de Tiaret, a provoqué la colère des agriculteurs de cette localité. Ils sont, depuis 2008, dans l’impossibilité de travailler leurs terres. Les pouvoirs publics ne les ont toujours pas dédommagés.
Tarek Hafid – Alger (Le Soir) – La colère gronde à Sougueur. Les informations rapportées ces derniers jours par la presse, faisant état de l’annulation pure et simple du projet de raffinerie, ont provoqué l’ire des 52 exploitants agricoles du périmètre de Sidi El Abed. «Cette raffinerie devait être réalisée sur les terres que nous exploitons depuis des années. Si les autorités décident d’annuler ce projet, cela voudra dire que nous ne serons jamais dédommagés. Nous avons pris attache avec les services de la wilaya de Tiaret pour tenter de confirmer si ce projet a bien été annulé, mais on nous a répondu qu’ils n’avaient reçu aucune décision officielle en ce sens», soulignera Benyagoub Seddik, un des agriculteurs de Sidi El Abed dont la superficie est de 1 411 ha. En fait, ces fellahs ont été dépossédés officiellement de leurs terres en 2008 sur décision du wali. «Le wali nous a interdit toute activité agricole. Nous étions conscients de la situation, de l’apport de ce projet sur le développement de toute la région. Tous les agriculteurs ont respecté cette décision. Mais nos conditions sociales se sont vite dégradées. L’agriculture est, pour la grande majorité d’entre nous, l’unique moyen de subsistance. Mais le plus grave dans tout ça est que les autorités locales ne nous ont toujours pas dédommagés», assure Benyagoub Seddik. Selon lui, le dossier de dédommagement a été finalisé par les services des Domaines de la wilaya de Tiaret. Dans un premier temps, il avait été décidé d’accorder 7 millions de centimes par hectare. Une somme que les agriculteurs avaient estimé très en deçà de la valeur réelle de leurs terres. «Il faut dire que nous n’avions pas le choix. Nous étions obligés d’accepter. Mais à la surprise générale, les responsables de l’administration des Domaines nous ont appris que notre dossier avait été bloqué par le wali de Tiaret car, pour lui, cette somme était trop importante. Nous avons tenté de saisir le ministère de l’Intérieur pour régler cette situation, en vain.» Aujourd’hui, le collectif des agriculteurs de Sidi El Abed n’écarte pas la possibilité de saisir la justice afin d’obtenir une véritable compensation pour les années de pertes. Aujourd’hui, l’affaire de la raffinerie de Tiaret pose la problématique du bien-fondé de l’installation de ce projet dans cette région. Il est utile de rappeler que cette unité, censée être la plus grande d’Algérie, avait été initiée et soutenue par l’ancien ministre de l’Energie et des Mines, Chakib Khelil. Il semblerait que ce soit le départ de Khelil qui aurait mis fin à la réalisation de cette raffinerie. Si c’est bien le cas, la décision est donc éminemment politique.
T. H.
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2011/07/27/article.php?sid=120663&cid=2
27 juillet 2011
Sougueur