Reinette Sultana Daoud est née en 1915 à Tiaret. Son père est un rabbin d’origine marocaine et dans sa famille, qui a reçu la citoyenneté française accordée aux Juifs algériens par le décret Crémieux (1870), on parle arabe depuis des lustres. A l’âge de deux ans, une variole mal guérie la laisse aveugle. A l’école des aveugles d’Alger, elle apprend le braille et… le cannage des chaises,
mais sa mère n’a pas toléré qu’elle continue à faire ce travail qui lui abîmait les doigts: elle a voulu pour elle plus de gaîté et a demandé à Saoud l’Oranais de l’initier à la musique arabo- andalouse. A treize ans, Reinette passe donc sa première audition. L’essai est concluant. Intégrée très vite dans l’orchestre du maestro, elle en profite pour mémoriser les musiques et les paroles de centaines de chansons. Elle se familiarisera, aussi, avec la darbouka, avant de s’intéresser à la mandoline puis au oud (luth) qu’elle affectionne particulièrement. Dans les années 40, Reinette quitte son Oranie natale pour Alger où elle débute, dès l’âge de 26 ans, une carrière passionnante. Elle anime à radio- Alger deux soirées hebdomadaires et devient assez vite la chanteuse incontournable. Durant la Guerre de Libération nationale, Reinette quitte, la mort dans l’âme, sa terre natale et sa chaleur pour se replier dans la grisaille parisienne. En 1985 et à70 ans, alors qu’elle ne songe plus qu’à cultiver ses souvenirs un animateur de Radio-Beur à Paris la convainc de remonter sur scène. Le gala a regroupé les plus grands maîtres de la musique aroboandalouse. La dame de la musique classique algérienne s’est éteinte le 17 novembre 1998 dans la banlieue parisienne où elle a vécue, depuis son exil, aux côtés de son mari, Georges Layani, un percussionniste. Anis M. T.
L’AUTHENTIQUE Quotidien national d’information — N° 5114 – Lundi 15 Août 2011 — Prix : 10 DA
15 août 2011
Culture