Quelques jours seulement après la destruction d’une dizaine d’hectares de fruits et légumes irrigués aux eaux usées dans la région de Frenda (lire le Q.O. du 11 janvier 2011), voilà que le phénomène des plus inquiétants se propage à d’autres régions de la wilaya, au plus grand désarroi des consommateurs en ce mois où les yeux sont plus grands que le ventre.
En effet, plus de vingt hectares de pomme de terre et d’oignon sont arrosés directement du barrage de Dahmouni, où se déversent quotidiennement des tonnes d’eaux usées provenant des localités de Dahmouni et Aïn Meriem notamment. La station d’épuration, construite près de la commune de Aïn Bouchekif et destinée à recycler les eaux usées de quatre localités que sont Tiaret, Sougueur, Dahmouni et Aïn Bouchekif, pour être reversées directement dans le barrage de Dahmouni et exclusivement dédiées à l’irrigation de quatre mille hectares de terres agricoles, est en panne depuis des mois malgré un investissement colossal de plus de 410 milliards de centimes.
Des maraîchers privés louant des terres agricoles en amont et en aval du barrage irriguent directement leurs cultures avec des eaux usées, au point que les odeurs nauséabondes se répandent à des centaines de mètres à la ronde. «Le hic dans cette situation est que les fellahs brandissent une autorisation de pompage en bonne et due forme délivrée par les services de l’hydraulique», tient à souligner un céréaliculteur implanté dans les pourtours immédiats du barrage et dont les odeurs pestilentielles arrivent jusqu’à sa ferme. Les légumes, de la pomme de terre et de l’oignon, seront bientôt prêts pour être commercialisés : et «quand on sait que ces cultures sont vendues sur pied avant même la fin du cycle de maturation, on imagine aisément les dégâts que cela va occasionner aux consommateurs exposés à un danger réel», alerte un représentant du bureau d’hygiène communal de la commune de Dahmouni. Selon ce même responsable, des melons d’eau irrigués aux eaux usées sont présents sur le marché local, avec «tous les risques que cela représente pour la santé des citoyens», prévient-il, non sans lancer un appel pressant à l’association de wilaya de protection du consommateur pour enquêter sur cette affaire et sensibiliser les citoyens sur les risques liés à la consommation de ces fruits empoisonnés.
15 août 2011
AGRICULTURE, El -HOUARI Dilmi