De notre correspondant à Oran
Mohamed Ouanezar
La situation des hôpitaux de la wilaya d’Oran n’a guère changé depuis l’annonce de la prise de mesures pour une humanisation de ces structures de santé, ni connu une grande amélioration dans le cadre de la mise en place d’une ceinture sanitaire de proximité. En vérité, la réalisation et la mise en service de nouvelles polycliniques et centres de soins de proximité, notamment dans les communes et les localités enclavées,
ont contribué à une grande amélioration dans l’accès des citoyens aux soins de santé publique. Les citoyens respirent mieux avec l’implantation de ces structures qui restent, malgré certaines imperfections et mauvaise gestion, des établissements indispensables, voire vitaux. S’il est vrai que ces structures de proximité ont allégé le fardeau sur les citoyens, il reste à réformer globalement les structures situées en aval et qui représentent une véritable source de tracasseries et de difficultés pour les patients et leurs familles. Ce sont les hôpitaux de la wilaya qui représentent une véritable plaie pour les malades. C’est le cas du CHUO et du nouvel établissement hospitalier EHS 1er Novembre où l’humanisation tarde à se concrétiser sur le terrain. La froideur et l’absence de compassion des différents personnels font de ces hôpitaux de véritables mouroirs et des anti-chambres de la mort. Au cours de ces deux dernières décennies, des pratiques malsaines se sont répandues au sein de ces établissements hospitaliers au détriment du serment d’Hippocrate. Ce sont les passe-droits et le népotisme dans le traitement des listes des malades au sein de ces hôpitaux. Des vies sont sacrifiées sur l’autel de calculs mercantiles et inhumains. Ces pratiques courantes qui ont la peau dure sont connues de tous, au sein des responsables de l’hôpital et des structures de santé. Une fille, M. Louiza, atteinte d’un cancer, acheminée de l’hôpital de Tiaret vers l’EHS de l’USTO s’est vu refuser l’hospitalisation et envoyer à une dizaine de laboratoires éparpillés dans la ville. Après plusieurs jours de galère entre Oran et Tiaret et Sidi Bel Abbès, elle rendra l’âme dans ce dernier hôpital, sans que ses parents sachent ce qui s’est réellement passé. Un père d’une fillette, B. Mohamed, atteinte d’une surdité partielle, attend depuis plus de cinq années son tour pour une transplantation qui tarde à venir. Pourtant, affirme-t-il, «d’autres plus chanceux ont pu la faire en moins de quelques semaines après leur inscription sur le registre». Des femmes avec des grossesses à terme sont renvoyées des polycliniques, censées les prendre en charge. Certaines ont même perdu leurs nouveau-nés à la suite de graves négligences. «Dans la plupart des polycliniques de maternité et d’autres services situés dans l’enceinte de l’hôpital d’Oran, si vous payez ou vous connaissez des responsables bien placés, vous êtes bien pris en charge dans les meilleurs délais et conditions. Sinon vous pouvez rentrer chez vous tranquillement», note un mari désabusé dans la maternité du CHUO. Idem dans le service de cardiologie ou encore celui de radiologie où les matériels d’échographie, d’IRM et autres acquis par l’Etat en fortes devises ne sont fonctionnels que pour les gens aisés. «Il est en panne», vous dit-on dans ce service si vous ne montrez pas patte blanche. Ces pratiques sont courantes dans nos hôpitaux qui font craindre le pire dans le cas d’une persistance dans ce sens.
M. O
http://www.latribune-online.com/suplements/thema/56170.html
17 août 2011
SANTE