Edition du Jeudi 25 Août 2011
L’Algérie profonde
située sur une zone tampon, relais entre les quatre coins du pays, Tiaret est connue, jadis, par son environnement extraordinaire, notamment ses célèbres fermes, son plateau céréalier et sa nature à profusion de couleurs et de parfums qui inspiraient plus d’un artiste et qui s’exprimaient dans toute sa clémence et son resplendissement.
Mais, aujourd’hui, elle est exténuée de la pagaille urbanistique. Une réalité amère qui fait de la population un témoin clairvoyant et critique, vivant dans l’attente et l’espoir de pouvoir un jour respirer. Cependant, bien que disposés à coopérer afin d’atténuer l’hémorragie en s’organisant autour d’une pléiade de comités de quartier, les citoyens n’arrivent pas à concrétiser ce vœu contrarié par un silence complice de ceux qui sont appelés à rétablir l’ordre. Un constat qui ne cesse de soulever bien des vagues quant à cette anarchie “trabendiste” qui a pris en otages les places publiques et, à plus forte échelle, les principales artères. Ainsi, au niveau de la place du 17 Octobre, connue sous le sobriquet de “place Rouge”, les trottoirs et la voie publique sont perpétuellement occupés par des échoppes de tous genres : fruits et légumes, appareils électroménagers, effets vestimentaires, chaussures… et téléphones portables. À quelques enjambées en face, le trottoir longeant la BNA, dès qu’un passant met le pied à terre, un groupe de “vendeurs” de billets de banque vient l’accoster pour lui proposer l’euro. Un paysage somme toute qui s’illustre par une affluence de gens de tous âges et de toutes conditions sociales brouillant les cartes et s’avérant plus qu’un grouillement de fourmilière dérangée… un frôlement perpétuel de misère. Un peu plus loin, en empruntant la rue menant au bas du centre-ville, c’est la même et triste vision qui s’offre au passant contraint au cafouillage avec les véhicules. Sur cet itinéraire, une diversité de commerces informels se confond avec une armada de “barbus” vous proposant des produits, des dépliants et des livres “made in Arabie Saoudite”, allant jusqu’à “boucler” l’entrée de la mosquée. Sur le chemin, nul ne peut tourner le dos à la désolation, notamment au niveau des ruelles jouxtant la clinique d’hémodialyse où fleurissent quotidiennement des étalages de tissu et lingerie féminine.
Toutefois, les femmes sont les plus nombreuses à côtoyer cet espace où même la façade d’une école est squattée par cette panoplie de sous-vêtements démesurément accrochés. Ainsi, animés par le refus obstiné de l’anarchie et de la désolation, les habitants ne savent plus à quel saint se vouer et gardent les attitudes de statue en attendant des moments et un environnement meilleurs. Au demeurant, une action mérite tout le salut de la population, celle opérée tout au début du mois de Ramadhan par les services de sécurité et qui est relative à la délocalisation des commerces informels du quartier Volani où le citoyen peut, à présent, circuler librement sans le moindre risque de se faire “fouiller” les poches ou le sac à main… Pourvu que ça dure, vous dira le plus commun des mortels. http://www.liberte-algerie.com/imp.php?id=161603
25 août 2011
Environnement, R. SALEM, Tiaret