Il ne fait pas bon d’être militant ou syndicaliste en Algérie. Annan Abed, militant associatif, a été violemment agressé dans la journée de mardi 6 septembre par des gardes communaux de la ville de Tiaret, 400 Km à l’ouest d’Alger. La victime s’en est sortie avec une incapacité de travail de trois jours. Une plainte a été déposée contre ses agresseurs.
En se rendant au bureau du délégué de la sécurité, sis au siège de la wilaya de Tiaret, Annan ne se doutait guère qu’il allait passer un sale quart d’heure.
« Arrivé au bâtiment administratif, je demandé à rencontrer le délégué chargé de la sécurité. Un vieux concierge me prie d’attendre un quart d’heure », raconte ce militant, joint au téléphone par DNA. Annan s’exécute.
Peu de temps après, un garde communal, affecté au bureau du délégué chargé de la sécurité, vient s’enquérir sur l’objet de son déplacement. « Je lui explique le but de ma visite, mais cet agent m’ordonne sur un ton méchant de déguerpir », raconte encore notre interlocuteur.
Étonné par la réaction brutale de cet agent, Annan tente de protester. « Je lui demande un peu de respect. L’agent visiblement irrité par ma réponse, me profère alors des grossièretés, m’ordonnant derechef de quitter les lieux. »
Evitant la confrontation, ce militant quitte alors le siège de la wilaya. Non sans peine. « Cet agent, appuyé par deux autres gardes communaux, également affectés à la même tache, me suivent dans la rue. Là, ils me rossent comme un chien. Ils déchirent mon pull et me délestent de ma carte d’identité. »
C’est au commissariat de police qu’Annan a pu enfin récupérer ses papiers.
La victime qui s’en est sorti avec un certificat d’incapacité de trois jours a déposé plainte contre ses agresseurs. Il assure : « Je ne vais pas les lâcher. »
Pourquoi cette agression ? Selon Annan Abed, elle est directement liée à son travail de dénonciation de la corruption et de clientélisme qui sévit dans la région. « A Tiaret, je suis ciblé pour mes activités de militant. Il y a 1000 et un Kadhafi dans cette ville », dénonce-t-il.
Annan Abed est l’initiateur d’un « projet protestataire » unique en son genre en Algérie : le salon national des sit-in et des protestations.
C’est dans ce cadre que des jeunes de la ville de Tiaret ont symboliquement célébré la fête de l’Indépendance, le 5 juillet dernier, en prenant d’assaut la Place publique Regina, située en face du siège de la daïra. Sur les lieux, ils ont accroché des dizaines d’affiches et de banderoles pour dénoncer la corruption et le clientélisme dans cette ville de l’ouest d’Algérie.
Lire l’article original : Rossé par des agents pour avoir dénoncé la corruption : «A Tiaret, il y a 1000 et un Kadhafi» | DNA – Dernières nouvelles d’Algérie
7 septembre 2011
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