le 16.09.11 | 01h00
-Le baisser de rideau décidé par les commerçants protestataires n’a finalement pas eu lieu. Pourquoi ?
Nous avons été conviés, la veille, à une rencontre au siège de la wilaya en présence des commerçants, du chef de cabinet et de certains responsables pour discuter de ce marché informel qui empoisonne la vie des adhérents à l’Union des commerçants. Des arguments, au demeurant convaincants, ont été avancés par les pouvoirs publics locaux qui se sont, par ailleurs, fixé jusqu’à la fin de ce mois de septembre pour éradiquer les marchands informels. Nous avons donc estimé nécessaire d’observer un répit pour voir comment vont évoluer les choses.
-Combattre ce fléau demanderait de la volonté ou plutôt des moyens ?
On sait parfaitement que le commerce informel est alimenté par de gros bonnets. Ceux qui commercent ne sont pas de jeunes chômeurs en quête d’argent, mais des maillons de réseaux bien structurés qui ont fini par imposer leur loi. A vrai dire, le marché informel du centre-ville a déjà été enrayé. Il est revenu après les déclarations du ministre de l’Intérieur Daho Ould Kablia, au lendemain des émeutes qui ont secoué certaines villes du pays en janvier dernier. Tout le monde a accouru pour vendre ce que bon lui semble. Nous avons réalisé une enquête et nous avons été stupéfaits de découvrir parmi ces commerçants de l’informel de gros producteurs en tout genre.
Auxquels s’ajoute une autre catégorie de personnes, comme les retraités qui veulent arrondir leurs fins de mois. On trouve aussi des mandataires, des agriculteurs, des producteurs de quincaillerie et j’en passe. Le plus cocasse dans l’histoire, c’est la connivence de certains autres commerçants, qui sous-traitent leurs locaux comme dépôt à ceux de l’informel. Ces gens-là amassent des fortunes sur le dos du contribuable et parasitent l’économie. Certains y engrangent jusqu’à un million de centimes jour et par camionnette.
-Quelle solution préconisez-vous ?
Partant de ce constat, nous avons fait des propositions, en plus de celles que les pouvoirs publics locaux comptent mettre en œuvre. Il faudrait seulement faire preuve de fermeté, ne pas s’embarrasser de scrupules et courir derrière une paix sociale chimérique, car elle ne concerne pas le citoyen lambda. Il faudrait vite réhabiliter les marchés de proximité, déjà recensés et, en attendant la concrétisation de ces projets dont on parle beaucoup, donner la latitude aux services de sécurité pour faire correctement leur travail. Le problème ne concerne évidemment pas les seuls pouvoirs publics mais d’autres institutions : les lieux de culte doivent aussi jouer leur rôle. Une mosquée n’est pas faite pour que les vendeurs viennent à tour de rôle faire la sieste.
Fawzi Amellal
© El Watan
16 septembre 2011
Fawzi Amellal.