Dimanche 09 Octobre 2011
«Je suis content de ma bagnole: peut-on appeler cela de l’autosatisfaction?» Philippe Geluck
Chaque Etat se caractérise par sa manière d’organiser la vie sociale d’une nation qui, comme chacun le sait, est constituée d’un réseau de solidarités indéfectibles. Ce n’est pas seulement dans le domaine de la défense de la patrie que s’exprime cette solidarité mais dans tous les secteurs de la vie sociale: santé, enseignement, justice, travail, distribution des ressources…
D’ailleurs, toute conquête du pouvoir s’organise pour l’application d’une politique donnée dans l’organisation de cette vie sociale: comment capter les ressources et comment les redistribuer selon les couches de la société sans faire trop de mécontents. L’une des ressources communes à tous les systèmes et régimes politiques est, sans conteste, l’impôt. C’est lui qui est calculé selon les revenus de chacun afin de faire tourner la lourde machine de l’Etat. C’est l’impôt qui fait souvent grincer des dents ceux qui s’estiment lésés dans sa levée comme dans sa redistribution sous forme de budget. D’ailleurs, un régime est souvent défini par sa politique fiscale et budgétaire: la plupart des gouvernements de par le monde, prennent des décisions en faveur des riches plutôt que des pauvres et l’on assiste, au fil des crises, à une aggravation de la situation des pauvres tandis que la mince frange qui se remplit les poches devient de plus en plus riche. C’est presque normal puisque les riches sont plus aptes que les pauvres à prendre le pouvoir. C’est la raison pour laquelle toute politique menée par un gouvernement au service des riches, sera de dépouiller un peu plus les pauvres.
Tout le monde se souvient de la politique des transports durant la période du socialisme spécifique, quand le monopole du transport en commun était détenu en grande partie par les sociétés d’Etat. La qualité du transport était médiocre et l’offre était toujours inférieure à la demande, sur route comme sur rails. Si présentement l’offre s’est quelque peu améliorée, les conditions de voyage sont hélas, toujours lamentables.
C’est la raison pour laquelle, et depuis longtemps, le rêve de tout citoyen doué de ses quatre membres, est de posséder une automobile individuelle qui le mettrait, lui et sa famille, à l’abri de tous les chantages exercés par les vampires de tout acabit…Si le prix de la bagnole est exorbitant par rapport au revenu moyen de l’éternel forçat, une période d’austérité est aussitôt entreprise par toute la famille pour arriver un jour à exaucer le rêve modeste et fou: se déplacer en voiture. Quel luxe! Mais mal lui en a pris au pauvre travailleur!
Non seulement le prix du véhicule est hors rapport avec son maigre revenu, mais l’entretien de ce véhicule qui s’est avéré d’une qualité douteuse, va mettre à mal son fragile équilibre financier. Des facteurs annexes vont grever un peu plus le budget familial: l’entretien du véhicule enflera petit à petit, le prix de l’essence qui augmente chaque année ou presque, sans oublier, bien entendu, la vignette qui pointe son nez au milieu du printemps.
Malgré la suppression du crédit automobile, les ventes de véhicules ne font que progresser au grand bonheur des importateurs qui ont la chance d’opérer dans un pays qui n’a pas réussi à créer un embryon d’industrie automobile depuis l’Indépendance: il a même réussi à fermer un modeste atelier de montage «Renault» situé à El Harrach, dernier vestige du colonialisme. Ne parlons pas de l’odyssée Fiat entre Turin et Tiaret… Ces problèmes ne regardent en aucun cas la pauvre victime des transports en commun qui se sentira fière d’être, au beau milieu d’un bouchon inextricable, au volant d’une voiture neuve: il fait beau pour elle et la révolution continue!
15 octobre 2011
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