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Un Argonnais a couché sur le papier ses souvenirs de la période 1956-1958 La guerre d’Algérie vécue par un jeune appelé

30 octobre 2011

Aïn Bouchekif, HISTOIRE, Sougueur, Tiaret

Pratiquement cinquante ans après la fin de la guerre d’Algérie, de nombreux appelés se souviennent de cette expérience douloureuse qui a marqué leur service militaire. L’un d’entre eux, un Argonnais, a couché ses souvenirs sur le papier.

CERTES, aujourd’hui, le service militaire obligatoire n’existe plus. Mais entre 1954 et 1962, ceux qui ont eu à l’effectuer, ont pris le chemin de ce qu’on appelait avec hypocrisie, au moins au début, la pacification. De l’autre côté de la Méditerranée, ce sont plusieurs classes d’âge successives qui ont goûté à la croisière forcée pour rejoindre les djebels.
Quelques « appelés » ont pris la plume et couché sur le papier les points les plus marquants de leur épopée, souvent marquée par l’évocation des copains disparus. C’est du journal de l’un d’eux, « Ma guerre d’Algérie 1956-1958 » que proviennent les extraits suivants. Si l’auteur a préféré conserver l’anonymat, il souhaite toutefois faire partager le récit de cette époque qui a marqué l’aube de sa vie d’adulte.
C. P., fils d’un agriculteur d’Argonne reçoit, le 6 mars 1956, sa convocation à Châlons pour l’inévitable appel au service. Chacun sait maintenant qu’il s’assortira du départ en Algérie. Après la visite médicale, la perception du paquetage, c’est le départ en premier pour le camp de Mourmelon pour y suivre la formation du peloton de brigadier. Il enchaîne ensuite deux mois à Châlons au quartier Chanzy pour une formation complémentaire puis, après sa première permission, un dernier stage au camp de Suippes. Il en sortira troisième de son peloton.
Un accueil « formidable »
Avec l’annonce du départ, le mois de juin 56 sera marqué pour lui par l’ultime visite de son père au quartier. Il verra une larme lui glisser du coin de l’œil avant le baiser final. Le 21 juin, c’est l’arrivée à Marseille au camp Sainte-Marthe. Puis l’embarquement sur le Kairouan. Une traversée offerte à fonds de cale, sur des chaises longues. La foule des parents sur le quai entonne le « Ce n’est qu’un au revoir ».
A l’arrivée à Alger, son casque tombe à l’eau et c’est un petit Algérois qui le lui récupère. Un accueil qu’il qualifie de formidable par des jeunes filles et des femmes en robes fleuries, offrant cigarettes et friandises.
Le lendemain, le voilà en route pour l’Oranie, à travers une Mitidja étonnamment riche au point de vue agricole. Ils sont maintenant en montagne, dans le massif de l’Ouarsenis. Le 22 juillet, on le mute à l’est à 10 kilomètres à Ain Bouchekif. Il y rencontre un officier estimable et des camarades, véritables frères de campagne, avec lesquels il va vivre les 18 mois de service.
Chaleur et camaraderie
La chaleur y est suffocante. Sous les tentes qui les abritent, impossible de tenir le jour. La nuit y est fraîche, la ceinture de flanelle y est obligatoire. Un entraînement intensif le conduit en patrouille le jour ou la nuit. Il marche, en pataugas, chapeau de brousse, pistolet-mitrailleur et lunettes noires indispensables. La nuit, il fait connaissance avec la peur. Il découvre le nuage de sauterelles, la tempête de sable.
En août 56, sa batterie rejoint Trezel, le sud désertique. En septembre 56, il est à Diderot à 20 km au nord-ouest de Tiaret, avec l’arrivée des pluies verglaçantes. Ils seront, avec ses camarades, remplaçants de chasseurs alpins à Tidda, un poste écarté dans l’Ouarsenis.
Il est nommé brigadier et désigné pour un second peloton en banlieue d’Oran le 24 novembre 1956. Échappée lumineuse dans cette succession de postes en montagne, il apprécie d’être en bord de mer, dans cette ambiance plus décontractée, qu’il goûte en dehors des séances lourdes d’instruction au camp du Murdjardo. Il y perfectionne son métier d’artilleur. Noël 1956 le trouve à Oran avant de devenir sergent à l’issue de son peloton.
Des centaines de corps
En mars, avec son unité, ils vont s’installer à Nedroma, à proximité de la frontière marocaine. Ils occupent la Ferme Havard dans laquelle ils vont vivre une année. En plus des alertes nocturnes, Ils participent aux opérations de l’infanterie.
Pointeur et chef de pièce, Pâques 57 le trouve au volant d’un camion GMC, en remplacement d’un chauffeur, participant à une offensive contre des rebelles. Il verra au retour la centaine de corps abattus dont certains sont encore très jeunes. Plus tard, une autre opération d’envergure le conduira dans le massif du Fillaousène et celui du Tadjera.
A la ferme, de retour, la vie s’organise. Il verra avec tristesse dans le bâtiment voisin des scènes qu’on nomme pudiquement « d’obtention de renseignement » mais qui, par leur brutalité, évoquent la torture et vont profondément le marquer. Une permission lui est accordée le 2 août. Il assiste à la fête annuelle du 15 août à Menou. Au cours de ces journées, après une consultation chez un ORL civil, il est déclaré inapte à participer aux tirs, ce qui lui vaudra de rester au garage de la batterie à son retour.
La peur au ventre
Les événements s’enchaînent. En octobre 57, ce sont les patrouilles du soir, avec la peur au ventre. Le mois suivant, la ferme est attaquée par les Fellagas. Fin 57, il fête son deuxième Noël loin de chez lui.
Avec le retour du printemps, cette fois, la libération s’annonce. Pour notre Argonnais, elle va toutefois se teinter de douleur. Un soir, quatre de ses camarades sont sortis en Jeep. Leur voiture saute sur une mine et deux d’entre eux seront retrouvés morts, les jambes arrachées. Ivres de douleur, les soldats, en représailles, tirent sur le village voisin. Avec le recul, notre sergent se souvient d’avoir été pris par la haine.
Mars 1958, c’est le retour, avec la joie de retrouver sa famille. De ce périple qu’on mettra longtemps à désigner comme une guerre, il retient que 27 000 jeunes gens y ont laissé la vie. Il reprendra sa vie professionnelle, se mariera et aura deux enfants.
Mais l’épreuve marquée par l’épisode tragique et l’esprit exceptionnel de la camaraderie et de la solidarité vécue lui laissent encore à ce jour un souvenir qui ne s’éteint pas.

Publié le dimanche 30 octobre 2011 à 10H00 -

http://www.lunion.presse.fr/article/autres-actus/un-argonnais-a-couche-sur-le-papier-ses-souvenirs-de-la-periode-1956-1958-la-gu

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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