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Ali El Hammamy (1902- 1949) : une plume prolifique et un romancier exceptionnel par Kadda BAHIRI*

29 décembre 2011

Culture

«Ali El Hammamy est entré d’une manière discrète dans l’histoire de son pays en publiant son premier article dans «la République algérienne». Son apparition sera d’ailleurs de courte durée, celle d’un météore, c’était en 1947. Le jour de son enterrement à Alger, il n’y avait pas de familles derrière sa dépouille, mais il y avait le peuple de notre capitale dans un défilé important» [M. Bennabi dans Mondialisme] 
Beaucoup d’algériens ne connaissent pas Ali EL Hammamy du fait qu’il a passé une longue partie de sa vie en exil. Ali el Hammamy est l’un des piliers de la pensée algérienne, son ouvrage, il a en laissé un seul un roman sous le titre de «Idriss» et de nombreux articles, constitue une fresque historique embrassant le passé et le présent du grand Maghreb et un témoignage de premier ordre sur le passé colonial et la résistance nationale qui s’est manifestée au lendemain de la seconde guerre mondiale. 

SA BIOGRAPHIE 

Ali el Hammamy est né Tiaret en 1902, sa famille serait originaire de Ain El Hammâm. Dès son jeune âge, il accompagne ses parents au pèlerinage à la Mecque. Au retour des lieux Saints, sa famille décida de s’établir Alexandrie vers 1922. Ali est alors âgé de 20 ans. 

En 1922, il débarque à Tanger au Maroc, le peuple marocain comme tous les autres peuples arabes étaient sous le joug colonialiste. Le jeune intellectuel Ali El Hammamy participe au combat anticolonial aux côtés de l’Emir Abdelmalel fils de l’Emir Abdelkader qui combattait les Français au Maroc depuis 1915 et de l’Emir Abdelkrim El Khattabi, le héros de la guerre du Rif, d’ailleurs, il dédie son livre «Idris» pour ce dernier en guise d’hommages et d’admiration. 

En 1923, il est en France aux côtés de l’Emir Khaled, l’une des figures du nationalisme algérien. 

En 1924, Ali El Hammamy conduit une délégation Algérienne à Moscou où il fait la connaissance d’hommes politiques originaires d’Asie parmi eux le fondateur du parti communiste Viêt-minh Ho Chi Minh (1890- 1969) avec qui il partage le même appartement. Depuis lors, il visite plusieurs capitales arabes et étrangères pour défendre la cause algérienne. Le jeune intellectuel sème des idées, écrit dans plusieurs langues, se déplace fréquemment, multiple ses contacts et dénonce le colonialisme. Son activité lui valut l’ostracisme des l’administration française, Ali El Hammamy est interdit de rentrer en Algérie, le retour en Algérie est hors de question. Sa patrie lui est interdite. 

En 1935, il décide de s’installer à Baghdad et ce, après l’intervention du grand écrivain de la littérature arabe, le libanais Cheki Arslân pour le faire admettre dans le continent arabe. A Baghdad, il fut professeur d’histoire et géographie. 

En 1946, il quitte la capitale irakienne pour le Caire où il retrouve son ancien compagnon d’armes El Khattâbi, ainsi que plusieurs intellectuels algériens qui ne vont pas tarder à fonder l’UDMA, parti de Ferhat Abbas. 

En 1949, Ali El Hammamy est mandaté par le l’UDMA pour représenter l’Algérie au premier Congrès économique islamique à Karachi au Pakistan. El Hammamy participe activement aux travaux des premières assises économiques islamiques et du haut de la tribune du premier rassemblement des pays musulmans, il dénonce les actes pratiqués par le colonialisme. C’est au retour au Caire, le 12 décembre 1949, qu’il périt dans un accident d’avion avec les deux autres délégués tunisien et marocain. Son enterrement a lieu le 1er janvier 1950 au cimetière de sidi M’hamed à Alger. 12 000 personnes ont assisté à son enterrement, représentaient les différents courants politiques nationaux. Aujourd’hui, sont rares ou bien ils se comptent au bout du doigt les Algériens qui connaissent Aly El Hammamy. La commémoration de l’anniversaire de sa mort est reléguée aux oubliettes. Le monde des affaires a étouffé le monde des idées dans les pays où la science était une vertu. 

SON ŒUVRE 

Ali El Hammamy a laissé derrière lui un seul et unique roman «Idris» et plusieurs articles dans plusieurs langues et dans plusieurs journaux, selon les circonstances. Son style et ses sujets traités avaient, vers la fin des années trente du siècle écoulé, impressionné le leader de la réforme en Algérie l’imâm Abdelhamid Ibn Bâdis qui lui demandait de collaborer dans le journal Al-Chihâb, l’organe de l’Association des Oulamâ d’Algérie. 

Revenant à «Idris», l’unique roman de Ali El Hammam, celui ci avait commencé son écriture, à Baghadad, en décembre 1941 et il l’avait terminé en juillet 1942. Le roman sera édité au Caire en 1948 sur ses propres économies et la Société Nationale d’Edition et de Diffusion (SNED) le réédita qu’en 1976 avec une préface du professeur Chikh Bouamrane. 

Il s’agit en fait d’une histoire complète du passé et du présent du Grand Maghreb à travers le personnage central du roman Idris, l’enfant grandit dans un village du Rif marocain au milieu d’une population pauvre et particulièrement hostile à l’occupation coloniale. Son père Hadj Allal lui confère une attention particulière, conscient de la question coloniale et de l’avenir de son pays, il lui inculque le nationalisme et l’islam. Une fois sa formation de base est terminée dans l’école coranique, le jeune Idris est envoyé à Fès où il entreprend ses études à la célèbre université de quarawiyyîne et là il prend conscience de l’œuvre colonialiste. Sa formation politique évolue nettement après son voyage avec son père en Orient. De retour de la Turquie après avoir visité ses mosquées et surtout après avoir rencontrer le sultan Abdelhamid, le père et le fils s’enrôlent immédiatement dans les rangs des maquis pour défendre la cause. Après une longue manifestation de revendication le jeune Idris est atteint d’une balle dans la tête. Ses dernières paroles adressées à ses amis avant de rejoindre le viatique suprême «la vie n’est qu’une lutte perpétuelle et ses lois sont implacables, nous ne reculerons pas. Ainsi, nous ne démériterons pas de la lourde mission que nous, assumons vis-à-vis de notre conscience». 

Voilà, mulatis mutandis, l’histoire du jeune Idris qui fut le personnage principal du roman de Aly El Hammamy. Quoi que l’on puisse dire, le roman est une fresque à lire avec toutes les interprétations, il repose sur une documentation très riche qui témoigne d’une grande intellection. Ali El Hammamy, décrit avec un style remarquable l’histoire de la grandeur et la décadence du monde arabo-musulman. 

*Directeur pédagogique de l’Ecole Supérieure de Management des Ressources en Eau ESMRE- Oran 

 Références bibliographiques : 

1- Aly El Hammamy. Idris. Les éditions SNED. 1977 

2- Malek Bennabi. Mondialisme. Editions Dar el Hadara.2004 

3- Belkhodja Amar in les études islamiques éditée par le Haut Conseil Islamique, Alger. 2ème semestre, décembre 2003 

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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