La prise en charge des cancéreux et leur admission au niveau des centres anti-cancéreux reste le perpétuel souci de ces établissements. Venus d’est, d’ouest ou encore du sud, à défaut de disponibilité de place, ils sont souvent éconduits par le personnel de ces centres. «La surcharge des services est notre principal problème. Les malades, qui viennent des régions de l’intérieur du pays, sont souvent éconduits et ce, faute de place», explique Mohamed, infirmier au niveau du CAC (centre anti-cancéreux) à l’hôpital Franz-Fanon de Blida. «C’est vrai que ces malades sont en détresse et que l’évolution de leur maladie est très rapide, mais nos moyens nous obligent à agir de la sorte», ajoute, pour sa part, une autre infirmière. Le même problème se pose au niveau du CPMC (Centre Pierre et Marie Curie) de l’hôpital Mustapha. Selon Ahmed, «le nombre de centres anti-cancéreux en Algérie n’est pas suffisant pour prendre en charge la totalité des malades». Les établissements de santé ne sont pas les seuls à se plaindre d’une telle situation. Les malades sont aussi très inquiets des conditions de prise en charge. «C’est vrai que la maladie nous tue. Mais c’est le manque de moyens qui accélère notre mort», tonne Djemâa. «Je suis venue de Frenda (wilaya de Tiaret), j’avais un rendez-vous, aujourd’hui, pour une chimiothérapie, mais ils m’ont dit qu’il n’y avait pas de place disponible. Mon médecin m’a même donné un autre rendez-vous dans vingt-etun jours», se désole Fatiha, qui pense déjà à un endroit où elle peut être hébergée jusqu’au lendemain. Assia se trouve dans la même situation. Venue de Laghouat, on lui a reporté aussi son rendez-vous. Pour autant, les citoyens ont trouvé un moyen pour aider ces personnes en détresse en leur proposant un hébergement. «Généralement, ce sont des personnes qui possèdent un bien vacant. Au lieu de le laisser inoccupé, ils aident ces malades venus de loin», raconte Karim, un natif de Blida. Ces propos ont été confirmés à la cité pépinière. Au niveau de cette cité, qui se trouve juste à côté de l’hôpital Franz Fanon, pas moins de deux logements ont été mis à la disposition des cancéreux. «Il y a une villa et un appartement qui sont spécialement aménagés pour accueillir les malades», explique encore Karim, qui ajoute avec un brin de fierté : «C’est la solidarité entre frères». Mohamed, qui a déjà essayé ce moyen d’hébergement, précise qu’au niveau de ces «dortoirs», les malades, «en plus d’être logés, sont même nourris». «Nous avons toutes les commodités. On nous a reçus comme des rois. Même chez nous, nous ne sommes pas aussi bien hébergés et nourris», raconte-t-il. L’association Badr de Blida propose aussi le même mode d’accueil. «Nous avons un F3, où nous avons aménagé une chambre pour femmes et une autre pour hommes», affirme un membre de l’association. A Alger, un adhérent de l’association El Amel-CPMC d’aide aux personnes atteintes de cancer, déclare que l’organisation a acquis un appartement à Belouizdad pour accueillir les patients. «Ces malades ont, pour la plupart, un souci financier. Et séjourner dans un hôtel en attendant leur rendez-vous, représente une somme assez coquette pour leur maigre bourse», conclut-il.
Rym Boukhalfa
24 janvier 2012
FRENDA, SANTE