TIARET Une immolation d’un jeune revendeur provoque l’émeute

Tout avait commencé ce jeu di, aux environs de 9h.30 mn, à la place du marché couvert en plein coeur de la ville de Tiaret, lorsqu’un jeune vendeur de lunettes, répondant aux initiales de M.H, âgé de 21 ans, fut obligé par un policier de quitter les lieux. Un lieu situé aux escaliers appelés « Droj Salem », et fréquenté par plusieurs vendeurs. En effet, se sentant touché, le jeune marchand ambulant n’a trouvé mieux que de s’asperger d’essence et d’allumer un briquet sur son corps. Fort heureusement pour lui que des passants présents sur le lieu lui ont subitement porté secours pour le sauver d’une mort certaine. Il fut transporté immédiatement à l’hôpital « Youcef Damerdji » de Tiaret, puis évacué sur Oran, puisque ses brûlures ont été évaluées par les médecins au 2ème degré. Cette tentative de suicide par immolation a immédiatement provoqué des rassemblements, sur le même lieu, de dizaines de jeunes et moins jeunes, surtout, qui ont commencé par brûler des pneus et des bacs d’ordure, tout en criant « Allah Akbar ». Cette situation s’est transformée ensuite en émeutes. Les manifestants ont brandi des banderoles sur lesquelles est écrit « le logement, le travail et la dignité du citoyen ». Dès lors, tous les commerces et les édifices publics, situés aux environs de cette place, ont aussitôt baissé rideau et ce, juste après la venue des brigades antiémeutes qui ont quadrillé plusieurs coins sensibles, tout en veillant à la protection des biens publics. Aux dernières nouvelles, nous apprenons que des échauffourées se sont poursuivies jusqu’à la tombée de la nuit et que des dizaines de manifestants ont été interpellés par la police. Pour ce qui est du revendeur, les médecins n’ont pu se prononcer sur son cas qui demeure assez grave. Rencontré au niveau du service des brûlés du CHU d’Oran, le revendeur raconte qu’il s’est immolé après qu’un policier lui ait renversé sa table. Il dira: «Quatre policiers sont venus me chasser du trottoir où j’active depuis longtemps et j’ai refusé de partir parce que je suis responsable de ma soeur et ma mère malade et nous n’avons aucune ressource». Il ajoute: «Quelques instants après, un officier accompagné d’un policer est revenu me chasser en me renversant ma table, pleine de marchandise ». Pour la famille de la victime qui habite le quartier populaire Oued El Tolba, «leur fils n’a trouvé que cette activité pour subvenir à leur besoin, comme cela se passe partout en Algérie». La soeur de la victime nous dira que son frère a adressé une demande d’emploi dans le cadre du dispositif DAIP, mais son dossier a été refusé pour la simple raison qu’il n’est pas dispensé du service militaire». L. Bouhala et A. Kader