La pomme de terre a franchi la barre du kilo à 60 da et les prix des légumes les plus courants s’envolent sur les marchés soumis aux seules lois de la spéculation et du profit. La prière de l’Istiska organisée vendredi der nier à travers les mosquées de la région, était sans doute l’expression du motif officiel devant justifier les hausses de prix: l’absence de pluie en cette saison vitale pour la récolte des agrumes. Mais sur les marchés oranais, à M’dina J’dida ou à la Bastille, la majorité des consommateurs pointait du doigt le fléau des spéculateurs organisés en véritable filière mafieuse en mesure d’imposer ses règles. Les prix des fruits et légumes, mais également ceux des viandes rouges viennent de battre des records jamais égalés. La viande bovine s’affichait hier sur les étals de certains bouchers à 1500 DA le kilo. Et la pluie, déclarée insuffisante dans les grandes régions d’élevage, sert encore d’argument pour expliquer tous les excès et couvrir tous les abus. Pour les observateurs avisés, cette hausse vertigineuse des prix n’a rien à voir avec la météo mais résulte plutôt d’un système de gestion, de régulation et de contrôle du commerce local complètement obsolète et totalement déstructuré. Malgré les efforts de l’Etat en matière de hausse des salaires et des pensions, malgré les avancées indéniables enregistrent, la montée des prix organisée par un système ancré sur le profit rapide par la fraude et la spéculation. Une situation qui profite également aux marchands «non déclarés», de plus en plus nombreux sur les trottoirs de la ville et aux sites d’abattages clandestins de plus en plus nombreux dans les communes limitrophes. Bon nombre de citoyens pointent du doigt les services chargés de la régulation et du contrôle, impuissants, il faut l’admettre, face à un phénomène amplifié par une «conjoncture politique» qui recommande de veiller à la «paix sociale» par tous les moyens ! Une «paix sociale» qui serait, dit-on, menacée par diverses questions inscrites au chapitre des préoccupations populaires les plus évidentes, tels que le chômage et le logement. A ce propos, Oran, la wilaya la plus pénalisée en matière de logement en raison du fléau de son vieux bâti qui s’effondre, semble être la seule à avoir mis en place un dispositif de gestion crédible de ce dossier. Mais sur bon nombre d’autres aspects de la vie sociale, notamment celle des plus faibles et des démunis, l’état des lieux reste il est vrai difficile à cerner et à améliorer. Mais le chômage des jeunes ne saurait à lui seul justifier certains actes dramatiques comme celui du jeune vendeur à la sauvette qui a tenté jeudi dernier de s’immoler au centre-ville de Tiaret. Pas plus qu’il ne justifie les centaines de morts par noyades enregistrées lors de traversées périlleuses vers l’eldorado espagnol. Ceux qui veulent, faire croire à la rue algérienne que le progrés et le bonheur passent par la colère et l’émeute, se trompent de peuple et de pays.
La chronique de Benali Si Youcef
28 janvier 2012
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